Gazette n°17 : De San Agustin de Valle Fértil à La Rioja - 12 juin 2011

De Valle Fértil, nous quittons la province de San Juan pour rentrer dans celle de La Rioja. Les paysages sont toujours désertiques et nous rêvons de verts pâturages. Vivement la zone tropicale de Catamarca !! Nous partons avec une liste d'adresses. Nos arrêts sont planifiés jusqu'à La Rioja. Horreur ! Comment expliquer gentiment à nos bienfaiteurs que le voyage c'est la liberté et que la liberté c'est justement ne pas avoir d'étapes imposées ? Le premier jour, Cléto, ferré du jour même, se met à boiter au bout de 20km. Il en reste 20 que je parcourerais donc à pied. J'arrive à 20h à Las Pampas, un groupe de 3 maisons. Il fait nuit, pas d'électricité, aucune lumière ne laisse suspecter les maisons cachées dans les épineux. Je m'apprête à passer la nuit à la belle, sans rien à boire ni manger pour les chevaux, quand j'arrive à une grille. Pedro Espejo, un vieux gaucho met vite tout en œuvre pour nous accueillir, honoré de pouvoir participer à notre voyage. Il m'enseigne la magie de sa vieille radio, seul moyen pour communiquer avec le monde extérieur. Nous sommes ici très isolés. Nous auscultons Cléto. Visiblement sa boiterie vient d'une douleur à l'épaule. Le lendemain, je le selle plus en arrière et il n'y paraît plus rien.

Bernardo sur Lola - Selle avec guardamonte
Bernardo sur Lola - Selle avec guardamonte

Pour les étapes suivantes nous feront en moyenne 40km par jour. Les chevaux avancent bien mais le terrain est terrible pour les pattes de Grisou. Beaucoup d'épines et surtout les terribles rosetas sorte de petites boules munies d'aiguilles acérées qui se collent dans ses pattes et finissent par se planter entre les coussinets. Les petites bottes en cuir  qui normalement me duraient 3-4jours, explosent en moins d'une demi-journée. Mon courageux petit bonhomme commence à perdre le moral. Le plus possible quand je longe des routes, je demande aux automobilistes de me l'emmener jusqu'au prochain poste de police. Ici les cavaliers se protègent des épineux grâce aux guardamontes (cf photo). Il faut imaginer des épines effilées d'une longueur de 5cm. Si vous marchez dessus, nulle semelle en caoutchouc ne résiste et gare à la plante des pieds. J'apprécie la protection de mes précieuses chaps.

Un jour, je fais une rencontre amusante. Un ingénieur en 4x4 flambant neuf m'affirme que pour faire 30km à cheval, il ne faut guerre que 20mn (avis à mes amis cavaliers d'endurance : « vous êtes des escargots! »), que je suis folle, qu'on peut aller beaucoup plus vite et que je dois être pleine de fric pour voyager comme çà... richissime vagabonde. Il me parle de sa piscine et me montre sa superbe voiture. Je dois absolument m'extasier. Il fait l'éloge de la vitesse et moi de la lenteur. Le dialogue est impossible. A Patquia, je m'arrête dans la famille de Danilo que j'avais rencontré sur la route alors qu'il relevait des pièges à oiseaux. La coutume ici est de posséder des oiseaux multicolores enfermés dans de minuscules cages. La capture permet aux jeunes de se faire 4 sous. Danilo est un jeune beau gosse de 18 ans qui ne doute de rien et me drague ouvertement. La famille est nombreuse et joyeuse. On mange au milieu des animaux en liberté, perroquet apprivoisé, bébé pécari (marcassin de 2 mois, minuscule et déjà belliqueux), poules, cochons...etc... Il fait très chaud en journée et les chevaux souffrent avec leur poil d'ours. Nous les douchons et ils se roulent avec bonheur dans la poussière. Grisou est au poste de police de Patquia à 1 km de là. Nous attelons une carriole à la moto de Danilo et partons le chercher. Grisou est attaché dans un petit patio. Il a été nourrit et abreuvé mais personne n'a pensé à le faire sortir. Nous sortons et il se rue vers une plaque d'herbe pour le plus long pipi du monde : 2mn chrono, patte en l'air, statufié. Il fait déjà nuit et nous l'attachons dans la carriole. Je n'ai malheureusement pas de photo mais c'était incroyable de le voir assis, immobile, à l'arrière de la carriole, les oreilles au vent, comme si il avait fait de la moto toute sa vie.

 

A Talamuyuna, je m'arrête chez l'oncle de Negrita Gomès. L'accueil est frigorifique. Je paie le maïs le plus cher du voyage et m'apprête à dormir à la belle avec les chevaux. Je me promets de ne plus m'imposer d'arrêt chez des amis d'amis.

 

La province de La Rioja est bien plus riche que celle de San Juan et aussi bien plus chaude. On est au mois de Juin. Au sud, le froid est déjà bien installé. Quand à nous, nous transpirons à grosses gouttes ! Je douche les chevaux qui transpirent comme des malheureux. La chaleur nous rend irascibles. Cléto s'énerve de tout, devient colérique. Je peine à garder mon sang-froid. On est fatigués. On a chaud ! Grisou passe d'ombre en ombre, la langue pendante. Un repos s'impose.

Nous arrivons à la capitale. Le désert devient plus vert : oliviers, champs de melons, courges. On est toujours au pied de la cordillère. Nous avons parcourus presque 200 km en 5 jours. Tout le monde a maigrit. Grisou est tout tristounet. Il ne peut plus marcher et garde une patte en l'air. Des épines sous la peau ont formés des abcès entre ses coussinets. Je deviens une maniaque de la pince à épiler. Il a fait la dernière journée en voiture mais a été attaché toute la journée à une station service en plein soleil, sans eau.

 

Une semaine d'arrêt dans l´hospitalier hippodrome de La Rioja, nous fera du bien. Enfin de l´herbe ! Plusieurs dizaines d´hectares de liberté pour les chevaux. Evoluer sans licol quel bonheur ! Pour autant, les 2 loulous arrivent au galop du fond du pré à l'heure de la ration d´avoine. Parfois, ils attendent devant la porte de la petite cabane où j'ai monté mon campement et mettent leur nez partout. On ne sait jamais, s´il trainait un bout de pomme ou de carotte... Seul bémol à cet arrêt de rêve, les moustiques ! J´ai le visage (qui doit bien dépasser du duvet) criblé de piqûres. Quel spectacle !

Julio, le gardien de l'hippodrome prend soin de nous. Il nous a dégoté un super mélange de grains (maïs, avoine, tournesol...). Il faut que Cléto reprenne un peu de lard, sinon je vais avoir du mal à accorder son dos avec ma selle.

J'ai récupéré mon matériel et passe des journées tranquilles aux milieux des coqs de combat élevés par Olando, le fils ainé de Julio.

 

16 JUIN

 Les chevaux sont bien reposés. Ils ne s´éloignent jamais très loin, de vrais toutous. Viennent quand je les appelle. Mojito fait des folies avec les autres chevaux, galope comme un fou, rue, bref joue comme le poulain qu'il était il y a peu. Cléto quant à lui reste plus tranquille et ne veut pas d´amis, cabochard asocial qu'il est. Il les renifle puis tourne les fesses menaçant. Il n'y a guère qu'avec moi qu'il tolère les contacts non sans prendre de grands airs de vierge effarouchée. Il mord régulièrement Mojito (qui a une belle trace de morsure sur les fesses) mais ne s'éloigne jamais vraiment de son compagnon, qui lui, s'en fout.

 

La Rioja est une ville assez grande sans grand intérêt architectural comme souvent ici. Des blocs de béton collés les uns aux autres. Même la cathédrale est tristounette. J´ai pris quelques photos pour vous donner une idée. Le plaisir est dans la végétation : bougainvilliers et hibiscus en fleurs, palos borrachos, palmiers, araucarias, eucalyptus et tout cela en format gigantesque. Je profite de la vie de la ville, commerces divers, restaurants, cafés (enfin un vrai expresso!), glaciers...

 

A l'hippodrome, j'ai de nombreuses visites de curieux et assiste à quelques courses de chevaux. Elles sont bien différentes de celles auxquelles nous sommes habitués. Ici 3 chevaux et 3 lignes individuelles. C'est du sprint sur 150, 200, 280m ! Malheureux sont ceux qui ratent leur départ ! L'ambiance est au pari, à l'argent, la folie des hommes. Les chevaux trinquent bien-sûr. Quelques amoureux des chevaux quand même, qui plaident pour des courses sans violence, comme Daniel Veldés. Il est jockey et ami de Alejandro Gomèz. Avec lui, je rencontre d'autres passionnés des chevaux. Je me sens en famille. 

 

Grisou est encore boiteux et ne pose toujours pas une patte. J'ai encore sorti de grosses épines qui avaient fait des abcès. J'espère qu´il n'en reste plus. Je repars demain malgré tout. Cristian, un ami me l´emmènera à Catamarca dans 5 jours. Il va donc pouvoir profiter de vacances prolongées... J´espère que d´ici là, il sera remis. Quant à nous, la route nous appelle de nouveau.

 

En contre partie du service rendu, Cristian me fait subir une véritable épreuve : une interview menée caméra au poing qu'il voulait diffuser à la télévision. J'ai refusé la télévision et accepté la diffusion sur le site de Cristian dédié aux courses de chevaux : www.sinazote.com.ar. Le site est très intéressant et dispose de pas mal de vidéos permettant de voir à quoi ressemblent les courses de chevaux en Argentine. Cristian est un véritable passionné et tient ce site pour le plaisir. Il a tenu à faire une vidéo sur nous et vous pourrez juger de mon manque d'aisance une caméra braquée sur moi.... Ceci dit, c'est l'occasion de voir Cléto et Mojito en mouvement. Bien-sûr, moi je ne suis plus objective mais je les trouve magnifiques ! A voir dans la partie VIDEO du site (Vidéo intitulée :  "Cuando la aventura y la pasión por los caballos se unen...!").

 

Il fait plus frais (autour de 15°C, ce que les gens du coin appelle ici "froid").

A Mendoza, il gèle d´après les dires de mes amis de voyage. Continuons vers le nord !

 

En Europe, il parait que vous avez quelques soucis avec des légumes tueurs. Concombres masqués ? Petits pois à percussion ? Ici, l´actualité se tourne vers le volcan Puyehue qui du Chili sème ses cendres sur la Patagonie Argentine. Bariloche est grise, sans eau potable. Ici pas l´ombre de cendre de volcan, seulement de barbecue !

De Valle Fértil, nous quittons la province de San Juan pour rentrer dans celle de La Rioja. Les paysages sont toujours désertiques et nous rêvons de verts paturages. Vivement la zone tropicale de Catamarca !!Nous partons avec une liste d'adresses. Nos arrêts sont planifiés jusqu'à La Rioja. Horreur ! Comment expliquer gentiment à nos bienfaiteurs que le voyage c'est la liberté et que la liberté c'est justement ne pas avoir d'étapes imposées ? Le premier jour, Cléto, ferré du jour même, se met à boiter au bout de 20km. Il en reste 20 que je ferrais donc à pied. J'arrive à 20h à Las Pampas, un groupe de 3 maisons. Il fait nuit, pas d'électricité, aucune lumière ne laisse suspecter les maisons cachées dans les épineux. Je m'apprête à passer la nuit à la belle, sans rien à boire ni manger pour les chevaux, quand j'arrive à une grille. Pedro Espejo, un vieux gaucho met vite tout en œuvre pour nous accueillir, honoré de pouvoir participer à notre voyage. Il m'enseigne la magie de sa vieille radio, seul moyen pour communiquer avec le monde extérieur. Nous sommes ici très isolés. Nous auscultons Cléto. Visiblement sa boiterie vient d'une douleur à l'épaule. Le lendemain, je le selle plus en arrière et il n'y paraît plus rien.

Pour les étapes suivantes nous feront en moyenne 40km par jour. Les chevaux avancent bien mais le terrain est terrible pour les pattes de Grisou.

Beaucoup d'épines et surtout les terribles rosetas sorte de petites boules munies d'aiguilles acérées qui se collent dans ses pattes et finissent par se planter entre les coussinets. Mon courageux petit bonhomme commence à perdre le moral. Le plus possible quand je longe des routes, je demande aux automobilistes de me l'emmener jusqu'au prochain poste de police. Ici les cavaliers se protègent des épineux grâce aux guardamontes (cf photo). Il faut imaginer des épines effilées d'une longueur de 5cm. Si vous marchez dessus, nulle semelle en caoutchouc ne résiste et gare à la plante des pieds. J'apprécie la protection de mes précieuses chaps.


Un jour, je fais une rencontre amusante. Un ingénieur en 4x4 m'affirme que pour faire 30km à cheval, il ne faut guerre que 20mn (avis à mes amis cavaliers d'endurance : « vous êtes des escargots! »), que je suis folle, qu'on peut aller beaucoup plus vite et que je dois être pleine de fric pour voyager comme çà... richissime vagabonde. Il me parle de sa piscine et me montre sa superbe voiture. Je dois absolument m'extasier. Il fait l'éloge de la vitesse et moi de la lenteur. Le dialogue est impossible.
A Patquia, je m'arrête dans la famille de Danilo que j'avais rencontré sur la route alors qu'il relevait des pièges à oiseaux. La coutume ici est de posséder des oiseaux multicolores enfermés dans de minuscules cages. La capture permet aux jeunes de se faire 4 sous. Danilo est un jeune beau gosse de 18 ans qui ne doute de rien et me drague ouvertement. La famille est nombreuse et joyeuse. On mange au milieu des animaux en liberté, perroquet apprivoisé, bébé pécari (marcassin de 2mois, minuscule et déjà belliqueux), poules, cochons...etc... Il fait très chaud en journée et les chevaux souffrent avec leur poil d'ours. Nous les douchons et ils se roulent avec bonheur dans la poussière. Grisou est au poste de police de Patquia à 1km de là. Nous attelons une carriole à la moto de Danilo et partons le chercher. Grisou est attaché dans un petit patio. Il a été nourrit et abreuvé mais personne n'a pensé à le faire sortir. Nous sortons et il se rue vers une plaque d'herbe pour le plus long pipi du monde : 2mn chrono, patte en l'air, statufié. Il fait déjà nuit et nous l'attachons dans la carriole. Je n'ai malheureusement pas de photo mais c'était incroyable de le voir assis, immobile, à l'arrière de la carriole, les oreilles au vent, comme si il avait fait de la moto toute sa vie.

A Talamuyuna, je m'arrête chez l'oncle de Negrita Gomès. L'accueil est frigorifique. Je paie le maïs le plus cher du voyage et m'apprête à dormir à la belle avec les chevaux. Je me promets de ne plus m'imposer d'arrêt chez des amis d'amis.

La province de La Rioja est bien plus riche que celle de San Juan et aussi bien plus chaude. On est au mois de Juin. Au sud, le froid est déjà bien installé. Quand à nous, nous transpirons à grosses gouttes ! Je douche les chevaux qui transpirent comme des malheureux. La chaleur nous rend irascibles. Cléto s'énerve de tout, devient colérique. Je peine à garder mon sang-froid. On est fatigués. On a chaud ! Grisou passe d'ombre en ombre, la langue pendante. Un repos s'impose.
Nous arrivons à la capitale. Le désert devient plus vert : oliviers, champs de melons, courges. On est toujours au pied de la cordillère. Nous avons parcourus presque 200 km en 5 jours. Tout le monde a maigrit. Grisou est tout tristounet. Il ne peut plus marcher et garde une patte en l'air. Des épines sous la peau ont formés des abcès entre ses coussinets. Je deviens une maniaque de la pince à épiler. Il a fait la dernière journée en voiture mais a été attaché toute la journée à une station service en plein soleil, sans eau.

Une semaine d'arrêt dans l´hospitalier hippodrome de La Rioja, nous fera du bien. Enfin de l´herbe ! Plusieurs dizaines d´hectares de liberté pour les chevaux. Evoluer sans licol quel bonheur ! Pour autant, les 2 loulous arrivent au galop du fond du pré à l'heure de la ration d´avoine. Parfois, ils attendent devant la porte de la petite cabane où j'ai monté mon campement et mettent leur nez partout. On ne sait jamais, s´il trainait un bout de pomme ou de carotte... Seul bémol à cet arrêt de rêve, les moustiques ! J´ai le visage (qui doit bien dépasser du duvet) criblé de piqûres. Quel spectacle !

Julio, le gardien de l'hippodrome prend soin de nous. Il nous a dégoté un super mélange de grains (maïs, avoine, tournesol...). Il faut que Cléto reprenne un peu de lard, sinon je vais avoir du mal à accorder son dos avec ma selle.

J'ai récupéré mon matériel et passe des journées tranquilles aux milieux des coqs de combat élevés par Olando, le fils ainé de Julio.

La Rioja est une ville assez grande sans grand intérêt architectural comme souvent ici. Des blocs de béton collés les uns aux autres. Même la cathédrale est tristounette. J´ai pris quelques photos pour vous donner une idée. Le plaisir est dans la végétation : bougainvilliers et hibiscus en fleurs, palos borrachos, palmiers, araucarias, eucalyptus et tout cela en format gigantesque. Je profite de la vie de la ville, commerces divers, restaurants, cafés (enfin un vrai expresso!), glaciers...

 

J'ai de nombreuses visites de curieux et assiste à quelques courses de chevaux. Elles sont bien différentes de celles auxquelles nous sommes habitués. Ici 3 chevaux et 3 lignes individuelles. C'est du sprint sur 150, 200, 280m ! Malheureux sont ceux qui ratent leur départ ! L'ambiance est au pari, à l'argent, la folie des hommes. Les chevaux trinquent bien-sûr. Quelques amoureux des chevaux quand même, qui plaident pour des courses sans violence, comme Daniel Veldés. Il est jockey et ami de Alejandro Gomèz. Avec lui, je rencontre d'autres passionnés des chevaux. Je me sens en famille.

 







 

 

16 JUIN


Les chevaux sont bien reposés. Ils ne s´éloignent jamais très loin, de vrais toutous. Viennent quand je les appelle. Mojito fait des folies avec les autres chevaux, galope comme un fou, rue, bref joue comme le poulain qu'il était il y a peu. Cléto quant à lui reste plus tranquille et ne veut pas d´amis, cabochard asocial qu'il est. Il les renifle puis tourne les fesses menaçant. Il n'y a guère qu'avec moi qu'il tolère les contacts non sans prendre de grands airs de vierge effarouchée. Il mord régulièrement Mojito (qui a une belle trace de morsure sur les fesses) mais ne s'éloigne jamais vraiment de son compagnon, qui lui, s'en fout.

Grisou est encore boiteux et ne pose toujours pas une patte. J'ai encore sorti de grosses épines qui avaient fait des abcès. J'espère qu´ils n'en restent plus. Je repars demain malgré tout. Cristian, un ami me l´emmènera à Catamarca dans 5 jours. Il va donc pouvoir profiter de vacances prolongées... J´espère que d´ici là, il sera remis. Quant à nous, la route nous appelle de nouveau.

 

En contre partie du service rendu, Cristian me fait subir une véritable épreuve : une interview menée caméra au poing qu'il voulait diffuser à la télévision. J'ai refusé la télévision et accepté la diffusion sur le site de Cristian dédié aux courses de chevaux : www.sinazote.com.ar. Le site est très intéressant et dispose de pas mal de vidéos permettant de voir à quoi ressemblent les courses de chevaux en Argentine. Cristian est un véritable passionné et tient ce site pour le plaisir. Il a tenu à faire une vidéo sur nous et vous pourrez juger que je ne suis vraiment pas à l'aise une caméra braquée sur moi.... Ceci dit, c'est l'occasion de voir Cléto et Mojito en mouvement. Bien-sûr, moi je ne suis plus objective mais je les trouve magnifiques ! A voir dans la partie VIDEO du site (Vidéo intitulée :  "Cuando la aventura y la pasión por los caballos se unen...!").

 

Il fait plus frais (autour de 15°C, ce que les gens du coin appelle ici "froid").

A Mendoza, il gèle d´après les dires de mes amis de voyage. Continuons vers le nord !

 

En Europe, il parait que vous avez quelques soucis avec des légumes tueurs. Concombres masqués ? Petits pois à percussion ? Ici, l´actualité se tourne vers le volcan Puyehue qui du Chili sème ses cendres sur la Patagonie Argentine. Bariloche est grise, sans eau potable. Ici pas l´ombre d´une cendre de volcan, de barbecue seulement.

 

De Valle Fértil, nous quittons la province de San Juan pour rentrer dans celle de La Rioja. Les paysages sont toujours désertiques et nous rêvons de verts paturages. Vivement la zone tropicale de Catamarca !!Nous partons avec une liste d'adresses. Nos arrêts sont planifiés jusqu'à La Rioja. Horreur ! Comment expliquer gentiment à nos bienfaiteurs que le voyage c'est la liberté et que la liberté c'est justement ne pas avoir d'étapes imposées ? Le premier jour, Cléto, ferré du jour même, se met à boiter au bout de 20km. Il en reste 20 que je ferrais donc à pied. J'arrive à 20h à Las Pampas, un groupe de 3 maisons. Il fait nuit, pas d'électricité, aucune lumière ne laisse suspecter les maisons cachées dans les épineux. Je m'apprête à passer la nuit à la belle, sans rien à boire ni manger pour les chevaux, quand j'arrive à une grille. Pedro Espejo, un vieux gaucho met vite tout en œuvre pour nous accueillir, honoré de pouvoir participer à notre voyage. Il m'enseigne la magie de sa vieille radio, seul moyen pour communiquer avec le monde extérieur. Nous sommes ici très isolés. Nous auscultons Cléto. Visiblement sa boiterie vient d'une douleur à l'épaule. Le lendemain, je le selle plus en arrière et il n'y paraît plus rien.

Pour les étapes suivantes nous feront en moyenne 40km par jour. Les chevaux avancent bien mais le terrain est terrible pour les pattes de Grisou.

 

Beaucoup d'épines et surtout les terribles rosetas sorte de petites boules munies d'aiguilles acérées qui se collent dans ses pattes et finissent par se planter entre les coussinets. Mon courageux petit bonhomme commence à perdre le moral. Le plus possible quand je longe des routes, je demande aux automobilistes de me l'emmener jusqu'au prochain poste de police. Ici les cavaliers se protègent des épineux grâce aux guardamontes (cf photo). Il faut imaginer des épines effilées d'une longueur de 5cm. Si vous marchez dessus, nulle semelle en caoutchouc ne résiste et gare à la plante des pieds. J'apprécie la protection de mes précieuses chaps.

 

 

Un jour, je fais une rencontre amusante. Un ingénieur en 4x4 m'affirme que pour faire 30km à cheval, il ne faut guerre que 20mn (avis à mes amis cavaliers d'endurance : « vous êtes des escargots! »), que je suis folle, qu'on peut aller beaucoup plus vite et que je dois être pleine de fric pour voyager comme çà... richissime vagabonde. Il me parle de sa piscine et me montre sa superbe voiture. Je dois absolument m'extasier. Il fait l'éloge de la vitesse et moi de la lenteur. Le dialogue est impossible.

A Patquia, je m'arrête dans la famille de Danilo que j'avais rencontré sur la route alors qu'il relevait des pièges à oiseaux. La coutume ici est de posséder des oiseaux multicolores enfermés dans de minuscules cages. La capture permet aux jeunes de se faire 4 sous. Danilo est un jeune beau gosse de 18 ans qui ne doute de rien et me drague ouvertement. La famille est nombreuse et joyeuse. On mange au milieu des animaux en liberté, perroquet apprivoisé, bébé pécari (marcassin de 2mois, minuscule et déjà belliqueux), poules, cochons...etc... Il fait très chaud en journée et les chevaux souffrent avec leur poil d'ours. Nous les douchons et ils se roulent avec bonheur dans la poussière. Grisou est au poste de police de Patquia à 1km de là. Nous attelons une carriole à la moto de Danilo et partons le chercher. Grisou est attaché dans un petit patio. Il a été nourrit et abreuvé mais personne n'a pensé à le faire sortir. Nous sortons et il se rue vers une plaque d'herbe pour le plus long pipi du monde : 2mn chrono, patte en l'air, statufié. Il fait déjà nuit et nous l'attachons dans la carriole. Je n'ai malheureusement pas de photo mais c'était incroyable de le voir assis, immobile, à l'arrière de la carriole, les oreilles au vent, comme si il avait fait de la moto toute sa vie.

 

A Talamuyuna, je m'arrête chez l'oncle de Negrita Gomès. L'accueil est frigorifique. Je paie le maïs le plus cher du voyage et m'apprête à dormir à la belle avec les chevaux. Je me promets de ne plus m'imposer d'arrêt chez des amis d'amis.

 

La province de La Rioja est bien plus riche que celle de San Juan et aussi bien plus chaude. On est au mois de Juin. Au sud, le froid est déjà bien installé. Quand à nous, nous transpirons à grosses gouttes ! Je douche les chevaux qui transpirent comme des malheureux. La chaleur nous rend irascibles. Cléto s'énerve de tout, devient colérique. Je peine à garder mon sang-froid. On est fatigués. On a chaud ! Grisou passe d'ombre en ombre, la langue pendante. Un repos s'impose.

Nous arrivons à la capitale. Le désert devient plus vert : oliviers, champs de melons, courges. On est toujours au pied de la cordillère. Nous avons parcourus presque 200 km en 5 jours. Tout le monde a maigrit. Grisou est tout tristounet. Il ne peut plus marcher et garde une patte en l'air. Des épines sous la peau ont formés des abcès entre ses coussinets. Je deviens une maniaque de la pince à épiler. Il a fait la dernière journée en voiture mais a été attaché toute la journée à une station service en plein soleil, sans eau.

 

Une semaine d'arrêt dans l´hospitalier hippodrome de La Rioja, nous fera du bien. Enfin de l´herbe ! Plusieurs dizaines d´hectares de liberté pour les chevaux. Evoluer sans licol quel bonheur ! Pour autant, les 2 loulous arrivent au galop du fond du pré à l'heure de la ration d´avoine. Parfois, ils attendent devant la porte de la petite cabane où j'ai monté mon campement et mettent leur nez partout. On ne sait jamais, s´il trainait un bout de pomme ou de carotte... Seul bémol à cet arrêt de rêve, les moustiques ! J´ai le visage (qui doit bien dépasser du duvet) criblé de piqûres. Quel spectacle !

Julio, le gardien de l'hippodrome prend soin de nous. Il nous a dégoté un super mélange de grains (maïs, avoine, tournesol...). Il faut que Cléto reprenne un peu de lard, sinon je vais avoir du mal à accorder son dos avec ma selle.

J'ai récupéré mon matériel et passe des journées tranquilles aux milieux des coqs de combat élevés par Olando, le fils ainé de Julio.

La Rioja est une ville assez grande sans grand intérêt architectural comme souvent ici. Des blocs de béton collés les uns aux autres. Même la cathédrale est tristounette. J´ai pris quelques photos pour vous donner une idée. Le plaisir est dans la végétation : bougainvilliers et hibiscus en fleurs, palos borrachos, palmiers, araucarias, eucalyptus et tout cela en format gigantesque. Je profite de la vie de la ville, commerces divers, restaurants, cafés (enfin un vrai expresso!), glaciers...

 

J'ai de nombreuses visites de curieux et assiste à quelques courses de chevaux. Elles sont bien différentes de celles auxquelles nous sommes habitués. Ici 3 chevaux et 3 lignes individuelles. C'est du sprint sur 150, 200, 280m ! Malheureux sont ceux qui ratent leur départ ! L'ambiance est au pari, à l'argent, la folie des hommes. Les chevaux trinquent bien-sûr. Quelques amoureux des chevaux quand même, qui plaident pour des courses sans violence, comme Daniel Veldés. Il est jockey et ami de Alejandro Gomèz. Avec lui, je rencontre d'autres passionnés des chevaux. Je me sens en famille.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

16 JUIN

 

Les chevaux sont bien reposés. Ils ne s´éloignent jamais très loin, de vrais toutous. Viennent quand je les appelle. Mojito fait des folies avec les autres chevaux, galope comme un fou, rue, bref joue comme le poulain qu'il était il y a peu. Cléto quant à lui reste plus tranquille et ne veut pas d´amis, cabochard asocial qu'il est. Il les renifle puis tourne les fesses menaçant. Il n'y a guère qu'avec moi qu'il tolère les contacts non sans prendre de grands airs de vierge effarouchée. Il mord régulièrement Mojito (qui a une belle trace de morsure sur les fesses) mais ne s'éloigne jamais vraiment de son compagnon, qui lui, s'en fout.

 

Grisou est encore boiteux et ne pose toujours pas une patte. J'ai encore sorti de grosses épines qui avaient fait des abcès. J'espère qu´ils n'en restent plus. Je repars demain malgré tout. Cristian, un ami me l´emmènera à Catamarca dans 5 jours. Il va donc pouvoir profiter de vacances prolongées... J´espère que d´ici là, il sera remis. Quant à nous, la route nous appelle de nouveau.

 

En contre partie du service rendu, Cristian me fait subir une véritable épreuve : une interview menée caméra au poing qu'il voulait diffuser à la télévision. J'ai refusé la télévision et accepté la diffusion sur le site de Cristian dédié aux courses de chevaux : www.sinazote.com.ar. Le site est très intéressant et dispose de pas mal de vidéos permettant de voir à quoi ressemblent les courses de chevaux en Argentine. Cristian est un véritable passionné et tient ce site pour le plaisir. Il a tenu à faire une vidéo sur nous et vous pourrez juger que je ne suis vraiment pas à l'aise une caméra braquée sur moi.... Ceci dit, c'est l'occasion de voir Cléto et Mojito en mouvement. Bien-sûr, moi je ne suis plus objective mais je les trouve magnifiques ! A voir dans la partie VIDEO du site (Vidéo intitulée :  "Cuando la aventura y la pasión por los caballos se unen...!").

 

Il fait plus frais (autour de 15°C, ce que les gens du coin appelle ici "froid").

A Mendoza, il gèle d´après les dires de mes amis de voyage. Continuons vers le nord !

 

En Europe, il parait que vous avez quelques soucis avec des légumes tueurs. Concombres masqués ? Petits pois à percussion ? Ici, l´actualité se tourne vers le volcan Puyehue qui du Chili sème ses cendres sur la Patagonie Argentine. Bariloche est grise, sans eau potable. Ici pas l´ombre d´une cendre de volcan, de barbecue seulement.

Gazette n°18 : De La Rioja à San Fernando del Valle de Catamarca - 21 juin 2011

Les chevaux bien reposés, le moral au top, nous voilà repartis. De nouveau le désert, chañars et algarrobos, mais aussi de l'herbe en bord de route. Voilà qui nous change le quotidien et m'évite de courir les bottes de foin.

La première nuit, je dors sous les étoiles. Pas de tente, elle est restée dans les affaires que doit m'apporter Cristian à Catamarca. Je suis bien arrivée à un puesto mais le propriétaire des lieux n'est pas là. Il arrivera à 22h. Que faire ? Aller le voir ou rester sous mon algarrobo à regarder les étoiles et la pleine lune ? Le choix est vite fait, je reste "à la belle". Quel bonheur de se retrouver de nouveau dehors, seule, à faire le feu, dormir avec les chevaux. Les entendre mastiquer toute la nuit me ravit. Seule l'absence de Grisou me pèse. Ce sera ma seule nuit à la belle étoile de tout le voyage, froide mais pas glaciale. Bien belle nuit. Le lendemain, je vais boire le maté avec le puestero, charmant homme de 75 ans, qui au moment de se dire au revoir, me saute dessus pour m'embrasser. Je le repousse. Il s'excuse à peine et m'explique qu'il est disponible si le désir me prend de rester à ses côtés, pour une heure, un jour, toute la vie... Triste solitude et histoire cocasse. J'imagine mal la nuit que j'aurais passée si j'avais dû lui demander hospitalité !

Le lendemain, j'arrive à Cebollar et passe la soirée et la nuit chez Dominga et Don Carlos. Accueil chaleureux. Est présent également Julio, un gaucho de Buenos Aires qui garde les vaches en camionnette, un gaucho sans chevaux mais riche de la culture gaucha, costume traditionnel and co. Je le bombarde de questions et apprends mille choses. Je suis aux anges. Avec lui et le reste de la famille, nous abordons enfin des questions plus profondes concernant le voyage, aspiration, sens de la vie, liberté. L'occasion d'évoquer ces rêves qu'on cherche à réaliser ou pas. Cela me fait un bien fou et me change des questions habituelles sur la famille (nombre de frères et sœurs, enfants...etc...), centre de la vie des Argentins.

 

Leurs questions m'obligent à mettre en mots certaines des émotions qui m'ont  parcourues pendant le voyage. Ceci est tout sauf un exercice facile. Comment décrire ce que provoquent en moi ces longs jours de marche et d'isolement ?

En vrac : l'apprentissage de davantage de patience, la sensation d'une solitude peuplée, la perception d'un silence coloré et l'immersion dans un temps qui s'étire. Le voyage change mon regard sur le monde, sur les hommes. Je ressens souvent une joie très forte, une sorte de jubilation à être là, dans cette nature avec mes magnifiques compagnons. Bien sûr, être "sur la route" s'accompagne de difficultés et d'inquiétudes qu'il faut gérer au quotidien. Pourtant, une profonde paix s'est posée sur moi avec la si belle satisfaction de donner vie à un rêve d'enfance. Bercée par le rythme du pas des chevaux, le son de leurs sabots qui résonnent en cadence, je me laisse traverser par les émotions. Le sentiment d'appartenir entièrement à cet univers, toute petite partie de son immense richesse. Je me sens être cavalière à part entière sur cette terre de cavaliers, et me fondre dans la culture de ce pays qui pourtant me reste étranger. Ce pays qui s'étend à l'infini, possède une respiration propre, plus ample. Je continue de le contempler avec une curiosité émerveillée.

L'effort accompagne la journée et donne encore plus de prix à la beauté des paysages. Les bonheurs du quotidien, c'est aussi l'odeur de la sueur, parfois de la souffrance. Le corps prend toute sa place. Il accompagne le mouvement du cheval. Je me sens vivre plus fort, plus intensément, même à travers la fatigue. Je ne regarde pas seulement le paysage, je le vis, il palpite en moi.

J'éprouve aussi une profonde humilité. Ni plus petite, ni plus grande qu'un grain de sable, j'ai ma place dans ces étendues. Le vent me pousse et me traverse. Mettre des mots sur ces sensations est un exercice périlleux. Il y a une immense gratitude, sans aucun doute, à être là, à pouvoir contempler tant de beauté, à pouvoir respirer cet air, à accompagner de si nobles animaux. Et ce chien qui me paye tout le jour de sa fidélité et de son amour inconditionnel !

Je rencontre souvent l'admiration. Une femme seule à cheval, cela impressionne. Cette admiration me surprend et je ne me sens pas la mériter. Le nomadisme nous fait dépendre entièrement des autres. Une vulnérabilité que bizarrement je ressens davantage comme une force, le sentiment d'appartenir à cette humanité. Et si les hommes, malgré leurs différences culturelles suivaient les mêmes quêtes, avaient les mêmes aspirations profondes, qui ne sont pas celle de la consommation, mais celles de l'amour, de la paix, de l'échange...

 

Autre source de réjouissances, je fête ici les 2000km parcourus. J'ai du mal à réaliser... Au départ de Valence, où serions-nous ? en Ukraine, Roumanie, Suède ? et ici tout ce périple dans un seul pays, immense.

Un lien profond s'est créé immédiatement entre moi et Dominga. Il y a des adieux plus douloureux que d'autres mais il faut partir. Ce sera notre dernière journée en zone aride, dernière journée dans la province de La Rioja.

 

A peine entrés dans la province de Catamarca, l'air change de tonalité devient lourd, épais, gras, humide. Les odeurs changent et inquiètent beaucoup Cléto qui s'effraye de tout et de rien. Voici Catamarca et la zone tropicale. Les nuages sont bas et menaçants, il pleut !!! Une petite pluie toute fine, nous mouille entièrement. La végétation est verte et désordonnée, luxuriante. Les gens sont plus colorés. Les bas côtés plus sales. J'ai l'impression d'avoir changé de pays, l'ambiance est totalement différente.

A Chumbicha, Casimiro et ses 2 trentenaires de fils, Elvio et Diego, m' accueillent pour la nuit. Nous partageons un guiso, sorte de risotto à la tomate avec un peu de viande. Ils possèdent 2 mules qu'ils attèlent à une petite charrette. Cette vision d'horreur - la mule et sa charrette - terrifie mon pauvre Cléto, qui nous fait tout un cinéma. Ici, c'est le pays des mandarines et aujourd'hui c'est le festival de la mandarine. Quel bonheur d'en cueillir quelques unes dans le jardin de Casimiro, et quel goût ! Avais-je déjà goûté des mandarines avant ?

A Huillapima, les chevaux profitent d'un pré avec de l'herbe qui m'arrive à la poitrine. La pluie me surprend à minuit, couchée à la belle dans le pré des chevaux. La voisine se lève pour me proposer un lit à l'abri.

 

La ville de Catamarca nous accueille pour quelques jours. Nous nous arrêtons au polideportivo de la policia - centre sportif dédié à la police et également centre de la police montée... des chevaux, de l'herbe et du foin, tout va bien. Le soir, nous fêtons nos retrouvailles avec Cristian, sa famille, Daniel et un Grisou guéri et heureux... Nous nous sommes beaucoup manqués durant ces 5 jours. Quel bonheur de le voir courir, sauter !

Un grand merci à Daniel qui s'en est occupé pendant 5 jours - et qui accepte de s'en séparer après s'y être attaché. Merci également à Cristian qui a fait le voyage jusqu'ici pour me le ramener.

Lors de ces 3 jours d'arrêt à Catamarca, je visite la ville. Elle est très belle entre sa cathédrale, ses édifices coloniaux et les autres bâtiments plutôt décrépis. L'ambiance est différente ici. A quoi cela tient, je ne sais pas vraiment. Je m'y plais. Nous passons de chouettes soirées avec mes nouveaux amis policiers. La vie est simple et joyeuse.

L'hiver est finalement arrivé et la température est descendue jusqu'à 10°C en journée... La plupart du temps, les journées sont belles et ensoleillées, en contrepartie, il gèle la nuit. Au lever du jour, on m'invite toujours à boire un maté bien chaud en attendant que dégèle la tente. Les chevaux sont à la longue corde et il faut les voir au petit matin, faire les fous pour se réchauffer, Mojito surtout.

Ce dernier est totalement remis. Nous allons pouvoir repartir.

Autre source de réjouissance, je fête ici les 2000km parcourus. J'ai du mal à réaliser... Au départ de Valence, où serions-nous ? en Ukraine, Roumanie, Suède ? et ici tout ce périple dans un seul pays, immense.

Un lien profond s'est créé immédiatement entre moi et Dominga. Il y a des adieux plus douloureux que d'autres mais il faut partir. Ce sera notre dernière journée en zone aride, dernière journée dans la province de La Rioja.

A peine entrés dans la province de Catamarca, l'air change de tonalité devient lourd, épais, gras, humide. Les odeurs changent et inquiètent beaucoup Cléto qui s'effraye de tout et de rien. Voici Catamarca et la zone tropicale. Les nuages sont bas et menaçants, il pleut !!! Une petite pluie toute fine, nous mouille entièrement. La végétation est verte et désordonnée, luxuriante. Les gens sont plus colorés. Les bas côtés plus sales. J'ai l'impression d'avoir changé de pays, l'ambiance est totalement différente.

A Chumbicha, Casimiro et ses 2 trentenaires de fils, Elvio et Diego, m' accueillent pour la nuit. Nous partageons un guiso, sorte de risotto à la tomate avec un peu de viande. Ils possèdent 2 mules qu'ils attèlent à une petite charrette. Cette vision d'horreur - la mule et sa charrette - terrifie mon pauvre Cléto, qui nous fait tout un cinéma. Ici, c'est le pays des mandarines et aujourd'hui c'est le festival de la mandarine. Quel bonheur d'en cueillir quelques unes dans le jardin de Casimiro, et quel goût ! Avais-je déjà gouté des mandarines avant ?

A Huillapima, les chevaux profitent d'un pré avec de l'herbe qui m'arrive à la poitrine. La pluie me surprend à minuit, couchée à la belle dans le pré des chevaux. La voisine se lève pour me proposer un lit à l'abri.

La ville de Catamarca nous accueille pour quelques jours. Nous nous arrêtons au polideportivo de la policia- centre sportif dédié à la police et également centre de la police montée... des chevaux, de l'herbe et du foin, tout va bien. Le soir, c'est les retrouvailles avec Cristian, sa famille, Daniel et un Grisou guéri et heureux... Nous nous sommes beaucoup manqués durant ces 5 jours. Quel bonheur de le voir courir, sauter !

Un grand merci à Daniel qui s'en est occupé pendant 5 jours - et qui accepte de s'en séparer après s'y être attaché. Merci également à Cristian qui a fait le voyage jusqu'ici pour me l'apporter.

Lors de ces 3 jours d'arrêt à Catamarca, je visite la ville. Elle est très belle entre sa cathédrale, ses édifices coloniaux et les autres bâtiments plutôt décrépis. L'ambiance est différente ici. A quoi cela tient, je ne sais pas vraiment. Je m'y plais. Nous passons de chouettes soirées avec mes nouveaux amis policiers. La vie est simple et joyeuse.

L'hiver est finalement arrivé et la température est descendue jusqu'à 10°C en journée... La plupart du temps, les journées sont belles et ensoleillées, en contrepartie, il gèle la nuit. Au lever du jour, on m'invite toujours à boire un maté bien chaud en attendant que dégèle la tente. Les chevaux sont à la longue corde et il faut les voir au petit matin, faire les fous pour se réchauffer, Mojito surtout.

Ce dernier est totalement remis.Nous allons pouvoir repartir.

 

Autre source de réjouissance, je fête ici les 2000km parcourus. J'ai du mal à réaliser... Au départ de Valence, où serions-nous ? en Ukraine, Roumanie, Suède ? et ici tout ce périple dans un seul pays, immense.

Un lien profond s'est créé immédiatement entre moi et Dominga. Il y a des adieux plus douloureux que d'autres mais il faut partir. Ce sera notre dernière journée en zone aride, dernière journée dans la province de La Rioja.

A peine entrés dans la province de Catamarca, l'air change de tonalité devient lourd, épais, gras, humide. Les odeurs changent et inquiètent beaucoup Cléto qui s'effraye de tout et de rien. Voici Catamarca et la zone tropicale. Les nuages sont bas et menaçants, il pleut !!! Une petite pluie toute fine, nous mouille entièrement. La végétation est verte et désordonnée, luxuriante. Les gens sont plus colorés. Les bas côtés plus sales. J'ai l'impression d'avoir changé de pays, l'ambiance est totalement différente.

A Chumbicha, Casimiro et ses 2 trentenaires de fils, Elvio et Diego, m' accueillent pour la nuit. Nous partageons un guiso, sorte de risotto à la tomate avec un peu de viande. Ils possèdent 2 mules qu'ils attèlent à une petite charrette. Cette vision d'horreur - la mule et sa charrette - terrifie mon pauvre Cléto, qui nous fait tout un cinéma. Ici, c'est le pays des mandarines et aujourd'hui c'est le festival de la mandarine. Quel bonheur d'en cueillir quelques unes dans le jardin de Casimiro, et quel goût ! Avais-je déjà gouté des mandarines avant ?

A Huillapima, les chevaux profitent d'un pré avec de l'herbe qui m'arrive à la poitrine. La pluie me surprend à minuit, couchée à la belle dans le pré des chevaux. La voisine se lève pour me proposer un lit à l'abri.

La ville de Catamarca nous accueille pour quelques jours. Nous nous arrêtons au polideportivo de la policia - centre sportif dédié à la police et également centre de la police montée... des chevaux, de l'herbe et du foin, tout va bien. Le soir, c'est les retrouvailles avec Cristian, sa famille, Daniel et un Grisou guéri et heureux... Nous nous sommes beaucoup manqués durant ces 5 jours. Quel bonheur de le voir courir, sauter !

Un grand merci à Daniel qui s'en est occupé pendant 5 jours - et qui accepte de s'en séparer après s'y être attaché. Merci également à Cristian qui a fait le voyage jusqu'ici pour me l'apporter.

Lors de ces 3 jours d'arrêt à Catamarca, je visite la ville. Elle est très belle entre sa cathédrale, ses édifices coloniaux et les autres bâtiments plutôt décrépis. L'ambiance est différente ici. A quoi cela tient, je ne sais pas vraiment. Je m'y plais. Nous passons de chouettes soirées avec mes nouveaux amis policiers. La vie est simple et joyeuse.

L'hiver est finalement arrivé et la température est descendue jusqu'à 10°C en journée... La plupart du temps, les journées sont belles et ensoleillées, en contrepartie, il gèle la nuit. Au lever du jour, on m'invite toujours à boire un maté bien chaud en attendant que dégèle la tente. Les chevaux sont à la longue corde et il faut les voir au petit matin, faire les fous pour se réchauffer, Mojito surtout.

Ce dernier est totalement remis. Nous allons pouvoir repartir.

Gazette n°19 : De Catamarca à Alberdi - 29 juin 2011

Nous voilà repartis, en route pour Tucuman. Salta se rapproche. La proximité de l'objectif me fait vivre le voyage autrement. Jusqu'à présent, je vivais au jour le jour sans penser à la fin et c'était bien confortable. L'approche du mot « fin », ne me réjouit pas.

Quitter Catamarca fut compliqué. En effet, nous avons dû passer près d'une petit âne enchainé à un pneu. Rien à faire, Cléto a décidé que ces animaux à grandes oreilles étaient de dangereux psychopathes. J'ai droit à de grands écarts effrayés et à une belle marche en crabe. Du grand art ! L'âne de son côté, terrifié par Mojito et son chargement, se met à braire comme un malheureux et s'enfuit en tractant son pneu. Scène digne des Monthy Python. Drôle après mais vraiment pas sur le moment !

Ensuite nous suivons notre route tranquillement. La route pour Tucuman monte vers la montagne et la végétation redevient plus sèche. Nous trouvons hospitalité dans la famille d'un policier De Catamarca le Flaco Ariel. Les Argentins ont l'habitude de se donner des surnoms qui sont le plus souvent des caractéristiques physiques (flaco = maigre, gordo = gros, peludo = chevelu, negro = basané, rubio = blond ...etc...) ou des noms d'animaux (pato = canard...etc...). Rien d'insultant à ce faire traité de gros ou autre... De mon côté, j'ai souvent droit à flaca (çà me change!) ou à gaucha.

A La Merced, je fais une rencontre intéressante en la personne de Daniel, un cycliste de Buenos Aires. A 50 ans, il est riche de 25 ans de nomadisme à bicyclette. 25 ans a sillonné les routes du Brésil et de l'Argentine. De temps à autre, pour se faire 3 sous, il s'arrête pour travailler dans la rénovation de meubles anciens en bois. Puis repart. Nous nous croisons, alors que je suis à la recherche de mon coin d'herbe pour la nuit, en pleine parlementation avec le policier de service, qui me conseille d'aller camper au stade. Daniel cherche lui aussi un endroit pour passer la nuit. Nous voilà partis pour le stade. L'herbe y est rase... Rien à en tirer. Une prof de danse en train de faire cours à de très jeunes enfants, nous sauve la mise. Nous dormirons dans le cabanon de son fiancé, sur deux gros matelas. Les chevaux libres dans le jardin profitent d'une herbe si haute que Grisou y disparaît sans peine. Il fait très froid la nuit et mon nouvel ami est heureux de ne pas dormir dehors. Nous sommes invités à manger une bonne soupe chaude. La famille est végétarienne !!! Les seuls d'Argentine, peut-être !!! La rencontre avec Daniel est l'occasion de discussion autour du nomadisme. L'itinérance fait de nous des étrangers, des inconnus qui ne font que passer. Si je rencontre au fil de la route énormément de solidarité et d'amitié, mon ami d'un soir me conte qu'il fait davantage l'expérience de la méfiance voire de l'hostilité. Je mesure le privilège d'être femme et étrangère. La présence des chevaux m'assure également curiosité et bienveillance.

Le lendemain, nous rentrons donc dans la province de Tucuman par la côte du Totoral. Une grande montée suivie d'une descente vertigineuse. Nous évoluons sur un bas côté étroit et la proximité de la circulation ne me ravit pas. Les chevaux sont exemplaires même quand les camions font crisser leurs freins sous leur nez. Un chien jaune s'est joint à nous et manque de se faire écraser de nombreuses fois par des camions, ajoutant à mon angoisse. J'ai vainement chercher à le faire rebrousser chemin et finalement je le nomme Amarillo. En haut de la côte, nous avons une vue magique sur la province de Tucuman. Des plaines cultivées, un océan vert. Sous la selle, il me semble sentir Cléto sourire. De l'autre côté, l'air est plus chaud et redevient humide.

Pour notre première nuit dans la province de Tucuman, nous nous arrêtons chez Fatima, la femme d'Isidoro Villegas (cf gazette 16). Nous l'appelons au téléphone. Il n'en revient pas... La soirée coule douce. Je joue avec les enfants, et prépare pour Fatima des tortillas al rescoldo. Il s'agit d'une galette de pain cuite dans la cendre. Un délice ! Dans le potager, les chevaux se délectent de rafles de maïs. Je trouve un maitre pour Amarillo. Les visages défilent, se succèdent les abrazos chaleureux, la bienveillance toujours.

Les 3 jours suivants sont éprouvants. Nous devons suivre la route 38 où règne un trafic continuel et extrêmement dense, un cauchemar. C´est l´époque de la récolte de canne à sucre et du citron. Continuellement, passent des camions trainant jusqu'à 4 remorques pleines. Klaxons and co, effrayent les chevaux. Les voitures circulent très vite, la route est très dangereuse, horriblement bruyante. Les chevaux s´énervent, moi aussi. Beaucoup de stress pour tout le monde.

Nous avons encore failli avoir un accident à cause de mon cher Cléto. A La Cocha, j'étais descendue de cheval et tenais Cléto en longe, Mojito attaché par un tour mort à la corne de sa selle. Ils broutaient tranquillement pendant que je négociais, pour la nuit, l'accès à l'herbe verte de l'école. Quand tout à coup, arrive l'animal maudit, un âne ! Encore un, tirant une carriole et faisant ainsi un barouf du diable ! Tant pis pour l'herbe, c'est la fuite qu'il nous faut, pense ma valeureuse monture. En marche arrière, pour ne pas perdre des yeux l'abomination, il me tracte sur 50m, Mojito sur ces talons. Il s'arrête à quelques cm de la route 38 sur laquelle la circulation ne s'est bien-sûr pas arrêtée, jusqu'à ce que le conducteur de la carriole est la bonne idée de stopper. Je suis livide ! Mon Cléto, je t'aime beaucoup mais mourir parce qu'on a peur d'un âne minuscule, c'est quand même idiot. Surtout que sur notre trajet, nous en avons rencontré régulièrement et parfois ils ont été bons compagnons de pâture.

Pour nous remettre de nos émotions, nous sommes accueillis à Alberdi, par les 3 frères Galvez de l'agrupacion gaucha José Hernandez (l'auteur du célèbre "Martin Fierro", la bible des gauchos). Accueil gaucho !! Asado, chants et guitares autour du feu de bois, chevaux magnifiques et ambiance familiale. On nous chouchoute.

Juin se termine, le jour le plus court est derrière nous. Le froid est là, le soir, la nuit et le matin. Dans la journée le soleil nous réchauffe. Les écarts de température et l'humidité ont eu raison de mes bronches, je tousse. Mes hôtes m'ordonnent du repos. Ils ont été m'acheter des médicaments que je regarde avec méfiance. Par solidarité, Grisou se gratte. Le reste de l'équipe est en pleine forme. Nous restons 2 jours.

Nous voilà reparti, en route pour Tucuman. Salta se rapproche. La proximité de l'objectif me fait vivre le voyage autrement. Jusqu'à présent, je vivais au jour le jour sans penser à la fin et c'était bien confortable. L'approche du mot « fin », ne me réjouie pas.

Quitter Catamarca fut compliqué. En effet, nous avons dû passer près d'une petit âne enchainé à un pneu. Rien à faire, Cléto a décidé que ces animaux à grandes oreilles étaient de dangereux psychopathes. J'ai droit à de grands écarts effrayés et à une belle marche en crabe. Du grand art ! L'âne de son côté, terrifié par Mojito et son chargement, se met à braire comme un malheureux et s'enfuit en tractant son pneu. Scène digne des Monthy Python. Drôle après mais vraiment pas sur le moment !

Ensuite nous suivons notre route tranquillement. La route pour Tucuman monte vers la montagne et la végétation redevient plus sèche. Nous trouvons hospitalité dans la famille d'un policier De Catamarca le Flaco Ariel. Les Argentins ont l'habitude de se donner des surnoms qui sont le plus souvent des caractéristiques physiques (flaco = maigre, gordo = gros, peludo = chevelu, negro = basané, rubio = blond ...etc...) ou des noms d'animaux (pato = canard...etc...). Rien d'insultant à ce faire traité de gros ou autre... De mon côté, j'ai souvent droit à flaca (çà me change!) ou à gaucha.

A La Merced, je fais une rencontre intéressante en la personne de Daniel, un cycliste de Buenos Aires. A 50 ans, il est riche de 25 ans de nomadisme à bicyclette. 25 ans à sillonné les routes du Brésil et de l'Argentine. De tant à autre, pour refaire 3 sous, il s'arrête pour travailler dans la rénovation de meubles anciens en bois. Puis repart. Nous nous croisons, alors que je suis à la recherche de mon coin d'herbe pour la nuit, en pleine parlementation avec le policier de service, qui me conseille d'aller camper au stade. Daniel cherche lui aussi un endroit pour passer la nuit. Nous voilà parti pour le stade. L'herbe y est rase... Rien à en tirer. Une prof de danse en train de faire cours à de très jeunes enfants, nous sauve la mise. Nous dormirons dans le cabanon de son fiancé, sur deux gros matelas. Les chevaux libres dans le jardin profitent d'une herbe si haute que Grisou y disparaît sans peine. Il fait très froid la nuit et mon nouvel ami est heureux de ne pas dormir dehors. Nous sommes invités à manger une bonne soupe chaude. La famille est végétarienne !!! Les seuls d'Argentine, peut-être !!! La rencontre avec Daniel est l'occasion de discussion autour du nomadisme. L'itinérance fait de nous des étrangers, des inconnus qui ne font que passer. Si je rencontre au fil de la route énormément de solidarité et d'amitié, mon ami d'un soir me conte qu'il fait davantage l'expérience de la méfiance voire de l'hostilité. Je mesure le privilège d'être femme et étrangère. La présence des chevaux m'assure également curiosité et bienveillance.

Le lendemain, nous rentrons donc dans la province de Tucuman par la côte du Totoral. Une grande montée suivie d'une descente vertigineuse. Nous évoluons sur un bas côté étroit et la proximité de la circulation ne me ravit pas. Les chevaux sont exemplaires même quand les camions font crisser leurs freins sous leur nez. Un chien jaune s'est joint à nous et manque de se faire écraser de nombreuses fois par des camions, ajoutant à mon angoisse. J'ai vainement chercher à le faire rebrousser chemin et finalement je le nomme Amarillo. En haut de la côte, nous avons une vue magique sur la province de Tucuman. Des plaines cultivées, un océan vert. Sous la selle, il me semble sentir Cléto sourire. De l'autre côté, l'air est plus chaud et redevient humide.

Pour notre première nuit dans la province de Tucuman, nous nous arrêtons chez Fatima, la femme d'Isidoro Villegas (cf gazette 16). Nous l'appelons au téléphone. Il n'en revient pas... La soirée coule douce. Je joue avec les enfants, et prépare pour Fatima des tortillas al rescoldo. Il s'agit d'une galette de pain cuite dans la cendre. Un délice ! Dans le potager, les chevaux se délectent de rafles de maïs. Je trouve un maitre pour Amarillo. Les visages défilent, se succèdent les abrazoschaleureux, la bienveillance toujours.

Les 3 jours suivant sont éprouvants. Nous devons suivre la route 38 où règne un trafic continuel et extrêmement dense, un cauchemar. C´est l´époque de la récolte de canne à sucre et du citron. Continuellement, passent des camions trainant jusqu'à 4 remorques pleines. Klaxons and co, effrayent les chevaux. Les voitures circulent très vite, la route est très dangereuse, horriblement bruyantes. Les chevaux s´énervent, moi aussi. Beaucoup de stress pour tout le monde.

Nous avons encore faillit avoir un accident à cause de mon cher Cléto. A La Cocha, j'étais descendue de cheval et tenais Cléto en longe, Mojito attaché par un tour mort à la corne de sa selle. Ils broutaient tranquillement pendant que je négociais, pour la nuit, l'accès à l'herbe verte de l'école. Quand tout à coup, arrive l'animal maudit, un âne ! Encore un, tirant une carriole et faisant ainsi un barouf du diable ! Tant pis pour l'herbe, c'est la fuite qu'il nous faut, pense ma valeureuse monture. En marche arrière, pour ne pas perdre des yeux l'abomination, il me tracte sur 50m, Mojito sur ces talons. Il s'arrête à quelques cm de la route 38 sur laquelle la circulation ne s'est bien-sûr pas arrêtée, jusqu'à ce que le conducteur de la carriole est la bonne idée de stopper. Je suis livide ! Mon Cléto, je t'aime beaucoup mais mourir parce qu'on a peur d'un âne minuscule, c'est quand même idiot. Surtout que sur notre trajet, nous en avons rencontré régulièrement et parfois ils ont été bons compagnons de pâture.

Pour me remettre de nos émotions, nous sommes accueillis à Alberdi, par l'agrupacion gaucha José Hernandez (l'auteur du célèbre Martin Fierro, la bible des gauchos). Accueil gaucho!! Asado, chants et guitares autour du feu de bois, chevaux magnifiques et ambiance familiale. On nous chouchoute.

Juin se termine, le jour le plus court est derrière nous. Le froid est là, le soir, la nuit et le matin. Dans la journée le soleil nous réchauffe. Les écarts de température et l'humidité ont eu raison de mes bronches, je tousse. Mes hôtes m'ordonnent du repos. Ils ont été m'acheter des médicaments que je regarde avec méfiance. Par solidarité, Grisou se gratte. Le reste de l'équipe est en pleine forme. Nous restons 2 jours.

 

Nous voilà reparti, en route pour Tucuman. Salta se rapproche. La proximité de l'objectif me fait vivre le voyage autrement. Jusqu'à présent, je vivais au jour le jour sans penser à la fin et c'était bien confortable. L'approche du mot « fin », ne me réjouie pas.

Quitter Catamarca fut compliqué. En effet, nous avons dû passer près d'une petit âne enchainé à un pneu. Rien à faire, Cléto a décidé que ces animaux à grandes oreilles étaient de dangereux psychopathes. J'ai droit à de grands écarts effrayés et à une belle marche en crabe. Du grand art ! L'âne de son côté, terrifié par Mojito et son chargement, se met à braire comme un malheureux et s'enfuit en tractant son pneu. Scène digne des Monthy Python. Drôle après mais vraiment pas sur le moment !

Ensuite nous suivons notre route tranquillement. La route pour Tucuman monte vers la montagne et la végétation redevient plus sèche. Nous trouvons hospitalité dans la famille d'un policier De Catamarca le Flaco Ariel. Les Argentins ont l'habitude de se donner des surnoms qui sont le plus souvent des caractéristiques physiques (flaco = maigre, gordo = gros, peludo = chevelu, negro = basané, rubio = blond ...etc...) ou des noms d'animaux (pato = canard...etc...). Rien d'insultant à ce faire traité de gros ou autre... De mon côté, j'ai souvent droit à flaca (çà me change!) ou à gaucha.

A La Merced, je fais une rencontre intéressante en la personne de Daniel, un cycliste de Buenos Aires. A 50 ans, il est riche de 25 ans de nomadisme à bicyclette. 25 ans à sillonné les routes du Brésil et de l'Argentine. De tant à autre, pour refaire 3 sous, il s'arrête pour travailler dans la rénovation de meubles anciens en bois. Puis repart. Nous nous croisons, alors que je suis à la recherche de mon coin d'herbe pour la nuit, en pleine parlementation avec le policier de service, qui me conseille d'aller camper au stade. Daniel cherche lui aussi un endroit pour passer la nuit. Nous voilà parti pour le stade. L'herbe y est rase... Rien à en tirer. Une prof de danse en train de faire cours à de très jeunes enfants, nous sauve la mise. Nous dormirons dans le cabanon de son fiancé, sur deux gros matelas. Les chevaux libres dans le jardin profitent d'une herbe si haute que Grisou y disparaît sans peine. Il fait très froid la nuit et mon nouvel ami est heureux de ne pas dormir dehors. Nous sommes invités à manger une bonne soupe chaude. La famille est végétarienne !!! Les seuls d'Argentine, peut-être !!! La rencontre avec Daniel est l'occasion de discussion autour du nomadisme. L'itinérance fait de nous des étrangers, des inconnus qui ne font que passer. Si je rencontre au fil de la route énormément de solidarité et d'amitié, mon ami d'un soir me conte qu'il fait davantage l'expérience de la méfiance voire de l'hostilité. Je mesure le privilège d'être femme et étrangère. La présence des chevaux m'assure également curiosité et bienveillance.

Le lendemain, nous rentrons donc dans la province de Tucuman par la côte du Totoral. Une grande montée suivie d'une descente vertigineuse. Nous évoluons sur un bas côté étroit et la proximité de la circulation ne me ravit pas. Les chevaux sont exemplaires même quand les camions font crisser leurs freins sous leur nez. Un chien jaune s'est joint à nous et manque de se faire écraser de nombreuses fois par des camions, ajoutant à mon angoisse. J'ai vainement chercher à le faire rebrousser chemin et finalement je le nomme Amarillo. En haut de la côte, nous avons une vue magique sur la province de Tucuman. Des plaines cultivées, un océan vert. Sous la selle, il me semble sentir Cléto sourire. De l'autre côté, l'air est plus chaud et redevient humide.

Pour notre première nuit dans la province de Tucuman, nous nous arrêtons chez Fatima, la femme d'Isidoro Villegas (cf gazette 16). Nous l'appelons au téléphone. Il n'en revient pas... La soirée coule douce. Je joue avec les enfants, et prépare pour Fatima des tortillas al rescoldo. Il s'agit d'une galette de pain cuite dans la cendre. Un délice ! Dans le potager, les chevaux se délectent de rafles de maïs. Je trouve un maitre pour Amarillo. Les visages défilent, se succèdent les abrazos chaleureux, la bienveillance toujours.

Les 3 jours suivant sont éprouvants. Nous devons suivre la route 38 où règne un trafic continuel et extrêmement dense, un cauchemar. C´est l´époque de la récolte de canne à sucre et du citron. Continuellement, passent des camions trainant jusqu'à 4 remorques pleines. Klaxons and co, effrayent les chevaux. Les voitures circulent très vite, la route est très dangereuse, horriblement bruyantes. Les chevaux s´énervent, moi aussi. Beaucoup de stress pour tout le monde.

Nous avons encore faillit avoir un accident à cause de mon cher Cléto. A La Cocha, j'étais descendue de cheval et tenais Cléto en longe, Mojito attaché par un tour mort à la corne de sa selle. Ils broutaient tranquillement pendant que je négociais, pour la nuit, l'accès à l'herbe verte de l'école. Quand tout à coup, arrive l'animal maudit, un âne ! Encore un, tirant une carriole et faisant ainsi un barouf du diable ! Tant pis pour l'herbe, c'est la fuite qu'il nous faut, pense ma valeureuse monture. En marche arrière, pour ne pas perdre des yeux l'abomination, il me tracte sur 50m, Mojito sur ces talons. Il s'arrête à quelques cm de la route 38 sur laquelle la circulation ne s'est bien-sûr pas arrêtée, jusqu'à ce que le conducteur de la carriole est la bonne idée de stopper. Je suis livide ! Mon Cléto, je t'aime beaucoup mais mourir parce qu'on a peur d'un âne minuscule, c'est quand même idiot. Surtout que sur notre trajet, nous en avons rencontré régulièrement et parfois ils ont été bons compagnons de pâture.

Pour me remettre de nos émotions, nous sommes accueillis à Alberdi, par l'agrupacion gaucha José Hernandez (l'auteur du célèbre Martin Fierro, la bible des gauchos). Accueil gaucho !! Asado, chants et guitares autour du feu de bois, chevaux magnifiques et ambiance familiale. On nous chouchoute.

Juin se termine, le jour le plus court est derrière nous. Le froid est là, le soir, la nuit et le matin. Dans la journée le soleil nous réchauffe. Les écarts de température et l'humidité ont eu raison de mes bronches, je tousse. Mes hôtes m'ordonnent du repos. Ils ont été m'acheter des médicaments que je regarde avec méfiance. Par solidarité, Grisou se gratte. Le reste de l'équipe est en pleine forme. Nous restons 2 jours.

Gazette n°20 : De Alberdi à Famailla - 8 juillet 2011

Nous avançons comme des escargots...10 jours pour faire 70km !

Nous avons passé 2 jours à Alberdi. J'étais dans un état lamentable, bien secouée par une bonne bronchite et j'ai eu du mal à faire honneur à l'accueil fantastique de l'agrupacion. Tout le monde a défilé à l'écurie pour me rencontrer et voir les 2 vedettes. Des chevaux patagons à Tucuman, inoui ! Une occasion en or pour faire la fête et bien manger que personne ne voulait rater ! Tous voulant participer à ma remise en forme, se sont ingéniés à préparer des spécialités locales. Mabel en particulier, nous a concocté un délicieux locro (pour 20 personnes, nous n'étions jamais moins à table!). Il s'agit d'un plat local très populaire, mijoté de bœuf, porc, maïs, flageolets, courges, patates douces.... Miam ! Gabi ne voulant pas être en reste, nous a confectionné de succulentes empanadillas (chaussons type empanadas fourrés avec de la confiture de patates douces... supers légers!).

 

Puis, nous sommes allés jusqu'à Concepcion pour participer à une fête gaucha. Au programme : défilé de gauchos en tenue, magnifiques chevaux et en particulier ces superbes paso peruano à la démarche aérienne, démonstration de rodéo et jeux d'adresse à cheval. Une super journée ! J'étais invitée d'honneur. Aussi, transpirante de fièvre, j'ai dû faire un discours et inaugurer le défilé avec le drapeau argentin et le poncho typique de la région. Pour cela, un gaucho de Alberdi surnommé "Gallo Pinto" (= le coq peint) me prête son superbe cheval bayo, paso peruano. Un vrai délice à monter ! Ces chevaux ont un espèce de pas rapide comme un trot mais extrêmement confortable. Une sorte d'amble. Tout le monde voulait me faire essayer son cheval et j'ai du souvent me défiler. Par contre, quand Titi Galvez m'a proposé Yasin, son superbe étalon arabe, je n'ai pas résisté... C'est un immense honneur que m'a accordé Titi. En effet, personne d'autre que lui ne le monte jamais. Il a fallu qu'il se montre persuasif pour que l'animal me laisse monter. Il refuse de se laisser approcher par quelqu'un d'autre que son maitre et balance des coups de postérieur rageurs en ronflant et montrant les dents. Tout un sketch de ce jeune poulain de 20 ans ! Une fois sur son dos, j'avais l'impression d'être sur une ferrari et essayait de me faire le plus légère possible dans mes actions. Le dressage de Titi est d'une grande finesse et Yasin répond à un battement de cil. Un pur bonheur !

Après la fête, Alejandra et David de l´agrupacion Terra Gaucha, nous ont accueillis comme des rois. Dans des conditions de confort meilleures (il y avait du chauffage dans la maison), j'ai pu guérir mes bronches. Avec David, nous avons referrer Cléto. Grisou a eu droit au véto pour une infection de la peau. Nous pensons qu'elle n´a pas pu s´acclimater au changement brutal de climat, l'humidité. Il était assez abattu et se grattait comme un malheureux. Le véto lui a prescrit des antibiotiques. Nous sommes restés 2 jours pour lui laisser le temps de se remettre. J'en avais bien besoin aussi.

Puis nous avons repris la route, passant par le chemin des écoliers... Quitter la route 38, pour la campagne fut une délivrance. Les chemins qui bordent la montagne sont bien plus tranquilles et les paysages magnifiques. Il faut juste faire attention à ne pas marcher sur une tarentule... Nous longeons des champs de canne à sucre, tabac, citronnier. Nous sommes en zone semi-tropicale et pourtant à quelques km, les sommets enneigés de la cordillère frôlent les 5000m.

 

Après 2 jours seulement, retour en ville : Famailla. De nouveau, un arrêt de 2 jours. Un pour assister au défilé de la fête nationale (9 juillet : anniversaire de l´Indépendance). Un autre pour faire, en bus, un aller-retour à Tafi del Valle. Il s'agit d'un très joli village perché dans la cordillère. Le trajet en bus est un enchantement. Nous quittons les plaines verdoyantes et cultivées pour un chemin en lacets qui montent dans une forêt épaisse et luxuriante. Arrivé en haut, la montagne se pèle d'un coup pour laisser place à une steppe colorée. La tranquillité d'un lac borde notre route jusqu'à atteindre un village. Nous avons changé de monde. Ici les cultures sont andines. En l'espace de 2h, nous avons découvert 3 types de paysage. C'est magique ! Je ne peux pourtant pas m'attarder dans la montagne. A 18h, je dois être redescendue pour aller chercher les chevaux attachés pour brouter sur les bordures d'un stade de foot. A 18h, il fait nuit et Famailla est une ville dangereuse où les vols de chevaux sont monnaie courante. Malheur, aux chevaux volés, ils finissent bien souvent dans l'assiette. En Argentine, la consommation de viande de cheval est interdite. Mais les chevaux peuvent être  abattus de manière clandestine. On m'a raconté que l'on retrouve, parfois, des chevaux à moitié dépecés. Brrrr ! J'ai d'abord cru à une légende urbaine ou a une tentative pour m'effrayer. Malheureusement, il semblerait que cela soit véridique.  

Allez, éloignons nous des villes et reprenons la route pour Salta en coupant par la montagne !

 

Après la fête, Alejandra et David de l´agrupacion Terra Gaucha, nous ont accueillis comme des rois. Dans des conditions de confort meilleures (il y avait du chauffage dans la maison), j'ai pu guérir mes bronches. Avec David, nous avons referrer Cléto. Grisou a eu droit au véto pour une infection de la peau. Nous pensons qu'elle n´a pas pu s´acclimater au changement brutal de climat, l'humidité. Il était assez abattu et se grattait comme un malheureux. Le véto lui a prescrit des antibiotiques. Nous sommes restés 2 jours pour lui laisser le temps de se remettre. J'en avais bien besoin aussi.

Puis nous avons repris la route, passant par le chemin des écoliers... Quitter la route 38, pour la campagne fut une délivrance. Les chemins qui bordent la montagne sont bien plus tranquille et les paysages magnifiques. Il faut juste faire attention de ne pas marcher sur une tarentule... Nous longeons des champs de canne à sucre, tabac, citronnier. Nous sommes en zone semi-tropicale et pourtant à quelques km, les sommets enneigés de la cordillère frôlent les 5000m.

Après 2 jours seulement, retour en ville : Famailla. De nouveau, un arrêt de 2 jours. Un pour assister au défilé de la fête nationale (9 juillet : anniversaire de l´Indépendance). Un autre pour faire, en bus, un aller-retour à Tafi del Valle. Il s'agit d'un très joli village perché dans la cordillère. Le trajet en bus est un enchantement. Nous quittons les plaines verdoyantes et cultivées pour un chemin en lacets qui montent dans une forêt épaisse et luxuriante. Arrivé en haut, la montagne se pèle d'un coup pour laisser place à une steppe colorée. La tranquillité d'un lac borde notre route jusqu'à atteindre un village. Nous avons changer de monde. Ici les cultures est andines. En l'espace de 2h, nous avons changé 3 fois de paysages. C'est magique ! Je ne pourtant pas m'attarder dans la montagne. A 18h, je dois être redescendu pour aller chercher les chevaux attachés pour brouter sur les bordures d'un stade de foot. A 18h, il fait nuit et Famailla est une ville dangereuse où les vols de chevaux sont monnaie courante. Malheur, aux chevaux volés, ils finissent bien souvent dans l'assiette. En Argentine, la consommation de viande de cheval est interdite. Mais les chevaux sont parfois abattus de manière clandestine. On m'a raconté que parfois, on retrouve des chevaux à moitié dépecés. Brrrr ! J'ai d'abord cru à une légende urbaine ou a une tentative pour m'effrayer. Malheureusement, il semblerait que cela soit véridique.  

Allez, éloignons nous des villes et reprenons la route pour Salta en coupant par la montagne !

 

Après la fête, Alejandra et David de l´agrupacion Terra Gaucha, nous ont accueillis comme des rois. Dans des conditions de confort meilleures (il y avait du chauffage dans la maison), j'ai pu guérir mes bronches. Avec David, nous avons referrer Cléto. Grisou a eu droit au véto pour une infection de la peau. Nous pensons qu'elle n´a pas pu s´acclimater au changement brutal de climat, l'humidité. Il était assez abattu et se grattait comme un malheureux. Le véto lui a prescrit des antibiotiques. Nous sommes restés 2 jours pour lui laisser le temps de se remettre. J'en avais bien besoin aussi.

 

Puis nous avons repris la route, passant par le chemin des écoliers... Quitter la route 38, pour la campagne fut une délivrance. Les chemins qui bordent la montagne sont bien plus tranquille et les paysages magnifiques. Il faut juste faire attention de ne pas marcher sur une tarentule... Nous longeons des champs de canne à sucre, tabac, citronnier. Nous sommes en zone semi-tropicale et pourtant à quelques km, les sommets enneigés de la cordillère frôlent les 5000m.

 

Après 2 jours seulement, retour en ville : Famailla. De nouveau, un arrêt de 2 jours. Un pour assister au défilé de la fête nationale (9 juillet : anniversaire de l´Indépendance). Un autre pour faire, en bus, un aller-retour à Tafi del Valle. Il s'agit d'un très joli village perché dans la cordillère. Le trajet en bus est un enchantement. Nous quittons les plaines verdoyantes et cultivées pour un chemin en lacets qui montent dans une forêt épaisse et luxuriante. Arrivé en haut, la montagne se pèle d'un coup pour laisser place à une steppe colorée. La tranquillité d'un lac borde notre route jusqu'à atteindre un village. Nous avons changer de monde. Ici les cultures est andines. En l'espace de 2h, nous avons changé 3 fois de paysages. C'est magique ! Je ne pourtant pas m'attarder dans la montagne. A 18h, je dois être redescendu pour aller chercher les chevaux attachés pour brouter sur les bordures d'un stade de foot. A 18h, il fait nuit et Famailla est une ville dangereuse où les vols de chevaux sont monnaie courante. Malheur, aux chevaux volés, ils finissent bien souvent dans l'assiette. En Argentine, la consommation de viande de cheval est interdite. Mais les chevaux sont parfois abattus de manière clandestine. On m'a raconté que parfois, on retrouve des chevaux à moitié dépecés. Brrrr ! J'ai d'abord cru à une légende urbaine ou a une tentative pour m'effrayer. Malheureusement, il semblerait que cela soit véridique.

 

Allez, éloignons nous des villes et reprenons la route pour Salta en coupant par la montagne !

Après la fête, Alejandra et David de l´agrupacion Terra Gaucha, nous ont accueillis comme des rois. Dans des conditions de confort meilleures (il y avait du chauffage dans la maison), j'ai pu guérir mes bronches. Avec David, nous avons referrer Cléto. Grisou a eu droit au véto pour une infection de la peau. Nous pensons qu'elle n´a pas pu s´acclimater au changement brutal de climat, l'humidité. Il était assez abattu et se grattait comme un malheureux. Le véto lui a prescrit des antibiotiques. Nous sommes restés 2 jours pour lui laisser le temps de se remettre. J'en avais bien besoin aussi.

 

Puis nous avons repris la route, passant par le chemin des écoliers... Quitter la route 38, pour la campagne fut une délivrance. Les chemins qui bordent la montagne sont bien plus tranquille et les paysages magnifiques. Il faut juste faire attention de ne pas marcher sur une tarentule... Nous longeons des champs de canne à sucre, tabac, citronnier. Nous sommes en zone semi-tropicale et pourtant à quelques km, les sommets enneigés de la cordillère frôlent les 5000m.

 

Après 2 jours seulement, retour en ville : Famailla. De nouveau, un arrêt de 2 jours. Un pour assister au défilé de la fête nationale (9 juillet : anniversaire de l´Indépendance). Un autre pour faire, en bus, un aller-retour à Tafi del Valle. Il s'agit d'un très joli village perché dans la cordillère. Le trajet en bus est un enchantement. Nous quittons les plaines verdoyantes et cultivées pour un chemin en lacets qui montent dans une forêt épaisse et luxuriante. Arrivé en haut, la montagne se pèle d'un coup pour laisser place à une steppe colorée. La tranquillité d'un lac borde notre route jusqu'à atteindre un village. Nous avons changer de monde. Ici les cultures est andines. En l'espace de 2h, nous avons changé 3 fois de paysages. C'est magique ! Je ne pourtant pas m'attarder dans la montagne. A 18h, je dois être redescendu pour aller chercher les chevaux attachés pour brouter sur les bordures d'un stade de foot. A 18h, il fait nuit et Famailla est une ville dangereuse où les vols de chevaux sont monnaie courante. Malheur, aux chevaux volés, ils finissent bien souvent dans l'assiette. En Argentine, la consommation de viande de cheval est interdite. Mais les chevaux sont parfois abattus de manière clandestine. On m'a raconté que parfois, on retrouve des chevaux à moitié dépecés. Brrrr ! J'ai d'abord cru à une légende urbaine ou a une tentative pour m'effrayer. Malheureusement, il semblerait que cela soit véridique.

 

Allez, éloignons nous des villes et reprenons la route pour Salta en coupant par la montagne !

Gazette n°21 : De Famailla à Trancas - 14 juillet 2011

Départ de Famailla de bonne heure pour fuir la ville.

Nous prenons la route de la montagne pour éviter la circulation et la ville de Tucuman. Notre dernier contact avec la civilisation sera le passage devant une papeterie nauséabonde. Les chevaux n'aiment pas, l'eau des ruisseaux non plus. Elle est jaune fluo et couverte d'une mousse digne d'un bain douche. Une jeune fille à vélo nous rattrape. Encore essoufflée, elle m'invite chez elle pour le repas et pour la nuit. Il est 13h. C'est un peu tôt... Nous papotons quelques minutes avant de nous dire adieu. Nous reprenons notre route vers les champs de citronniers odorants. Petit à petit la route monte en lacets dans une superbe forêt semi-tropicale. Après Famailla, je profite avec allégresse du calme et de la solitude. Nous devons passer le col avant la nuit. De l'autre côté, il y a des pâturages et un ruisseau. Pas un chat, nous sommes seuls au monde.

Artuo et Osvalda devant le bus
Artuo et Osvalda devant le bus

Au crépuscule, nous y sommes. Là vivent dans une grande pauvreté, Arturo et Osvalda. Nous partageons pain et soupe en égrainant des épis de maïs fraichement récoltés. Les poules nous tournent autour, intéressées. Grisou ne sort pas de dessous ma chaise. J'installe mon campement dans un vieux bus échoué dans la prairie, on ne sait comment. Nulle vitre pour me protéger du froid, mais plusieurs couches de lourdes couvertures installées à mon intention par Osvalda. Dessous, il m'est impossible de bouger. Le matelas est complétement effondré et je me sens comme blottie dans une coquille. Au dehors, le bruissement des insectes et des arbres. Je me sens une fillette dans un conte merveilleux. Je ressens une grande joie. Comme j'aime dormir dehors !

Le lendemain, je suis une route de terre qui sillonne entres des montagnes couvertes de forêts. C'est très beau.

Au soir, je suis arrivée à Raco : une "réserve de riches" : magnifiques propriétés, 4x4 flambants neufs, piscines, superbes et appétissantes pelouses. Oui mais le festin est protégé par des clôtures : propriétés privées, vagabonds voyageurs passez votre chemin ! Personne ne veut nous accueillir et je cherche en vain un endroit pour la nuit. Jusqu'à ce qu'un jeune homme de milieu modeste, Carlo, me propose l'hospitalité dans la petite chacra de sa mère (chacra = petite exploitation agricole). Les familles humbles sont plus hospitalières. Conversation et accent étrange, je ne comprends pas tout de suite que l'homme a bu. Je le suis et alors que nous nous éloignons des autres maisons, je commence à le trouver vraiment louche. Il me fait traverser un ruisseau et la je stoppe. Je sens le traquenard, je sors la machette et fais demi-tour. Nous discutons vivement et il fini par me convaincre de le suivre. Quelques mètres plus loin, nous atteignons effectivement une petite chacra camouflée par la végétation. Sa maman Mercedes est là et a l'air charmante. Les chevaux pourront profiter, comme promis, des pieds de maïs qui sèchent après la récolte des épis. Ils adorent. Je me rassure, desselle mes loulous et installe mes affaires dans une petite cabane en bois. La ferme comporte 4 petites cabanes de 20m2 chacune. Deux cabanes servent de chambres. Une autre fait office de cuisine avec le feu à même le sol, quelques chaises autour. Dans une autre, on entrepose le matériel. Il fait déjà nuit et Carlo devient de plus en plus collant. Mercedes reste à mes côtés en permanence. Je finis par comprendre qu'elle me protège. Il cherche à me convaincre de passer la nuit avec lui. J'ai droit à tout : "je suis beau garçon, je suis "bien monté"!!". Monsieur ne comprend pas le "non". Finalement alors que nous partageons la soupe et qu'il tente de me peloter, j'empoigne le bonhomme et le fait rouler au sol. Cela lui remet les idées en place quelques minutes. Mais, il revient vite à la charge. Je menace de partir. Il se calme un peu. J'aurais l'air maline s'il me fallait seller et fuir en pleine nuit. Prétextant la fatigue du voyage, je m'esquive rapidement et m'enferme avec Grisou, dans la cabane qui m'a été allouée. Par chance, elle dispose d'un bon cadenas. Mercedes ne m'a pas lâchée tout ce temps là, cherchant à calmer son imbécile de fils. Alcool, folie ? Jusqu'à 3h du mat, il passe par des stades de calme, de larmes ("personne ne m'aime, je vais me tuer"), de supplications ("allez ouvre-moi por favor"), de menaces ("si tu ne sors pas, je casse tout"), cherche à m'amadouer ("dis tu dors ? repose toi bien, d'accord !" - c'est que j'aimerais bien, moi!), puis finalement se met à hurler. A de nombreuses reprises, je suis prête à sortir, craignant pour Mercedes : 70 ans et 45 kg toute mouillée. Elle le menace plusieurs fois d'appeler la police. A 3h du mat, il tambourine en hurlant à ma porte qu'il va tuer les chevaux si je ne sors pas. Panique ! Puis il se calme, se met à pleurer et part se coucher... Autant vous dire, qu'à l'aube, malgré le manque de sommeil, je suis debout et selle dans la pénombre, le plus silencieusement possible. Malgré mes efforts, je les réveille. Mercedes me prépare le maté et Carlo s'essaie à quelques maladroites excuses. Je plains cette femme pour laquelle ces crises doivent être quasi-quotidiennes et m'enfuis...

Le reste de la route jusqu'à Trancas sera plus tranquille.

A Trancas, nous avons la chance de rencontrer Domingo, un véto de campagne. En plus de sa pratique, il enseigne dans l'école agricole de la ville. C'est les vacances. L'école est déserte. Je dormirais dans une salle de classe, sur un petit matelas posé dans la poussière de craie. L'école dispose également d'une cuisine. Comble du bonheur, les élèves ont fait une plantation de luzerne (engrais naturel). Les chevaux se régalent ! Je profite des 2 jours d'arrêt pour aller visiter, avec Domingo, la capitale de la région : San Miguel de Tucuman. Très belle ville historique. C'est ici qu'a été voté l'Indépendance de l'Argentine, le 9 juillet 1816.

Gazette n°22 : De Trancas à Cerrillos - 23 juillet 2011

Nous quittons Trancas avec tristesse. J'ai adoré ces quelques jours passés en compagnie de Domingo. Ce véto, également excellent enseignant, est une mine de connaissances. A ses côtés, je me passionne pour différentes techniques agricoles comme la taille des fruitiers, la multiplication des arbres, les animaux de la ferme : gestations, maladies, comportements ...etc... Nous avons également eu la visite du Gallo Pinto et de Mario Galvez venus depuis Alberdi pour nous voir. Ils m'ont fait visiter un élevage de chevaux paso peruano. Je n'ai pu faire autrement que m'insurger : chevaux squelettiques, techniques de débourrage barbares, blessures mal soignées, enclos sous-dimensionnés dans lesquels les chevaux se battent pour s'assurer un espace minimum. Beurk et rebeurk quand on sait que le propriétaire de l'élevage est plein aux as.

Pendant ce temps là, mes chevaux menaient des jours heureux dans leur champ de luzerne. Ils ont une super pêche !! Nous nous amusons à un petit jeu. A l'heure de boire, je les libère (ils sont à la longue corde) et ils me suivent tranquillement jusqu'au point d'eau sous l’œil ahuri de Domingo. Puis je me mets à courir doucement, les chevaux se mettent au trot, puis le plus vite possible. Ils se lancent dans un galop fou ponctué de "coup de cul" de gaieté, me dépassent et font la course jusqu'à l'eau. Souvent c'est Mojito qui arrive le premier car il démarre le plus vite. Cependant, c'est quand même Cléto, le chef qui boira d'abord; non sans avoir dû ré-expliquer à son acolyte la hiérarchie par quelques coups de dents. Quel plaisir de les voir heureux ! Le retour à la luzerne se fait de la même façon. Souvent, je laisse Cléto en liberté. Il ne s'éloigne jamais beaucoup de son souffre douleur.

Mais il faut bien quitter Trancas. La luzerne a donné aux chevaux une belle énergie que j'ai bien du mal à canaliser le jour du départ. Cléto saute de droite à gauche comme un cabri. A tel point que d'un bond, il marche sur le pauvre Grisou qui se trouvait là. Je saute à terre alarmée par sa patte en l'air et ses couinements de douleur. Après quelques câlins, cela va déjà mieux. Il boitouille encore 10mn et tout revient dans l'ordre. Ce chien n'a vraiment pas la vie facile. Pourtant, nous arriverons rapidement à la rivière servant de frontière entre les provinces de Tucuman et de Salta. Cette fois-ci, Cléto ne fait pas d'histoire pour traverser.

Salta … la fin du voyage est proche ! Sensation étrange, joie et nostalgie mêlées. La différence entre les deux provinces se fait sentir. Les visages sont plus colorés, plus typés indiens. Le sol est rouge, argileux. Les maisons semblent plus anciennes, en terre crue; certaines ont des allures coloniales. Ici on cultive le tabac qu'on fait sécher dans des séchoirs de 10m de haut, en adobe, équipés de fours. Nous arrivons à El jardin vers 16h et comme d'habitude nous nous retrouvons en décalage par rapport aux horaires argentins. L'épicerie n'ouvre qu'à 17h et il nous faut attendre pour l'achat du maïs des chevaux et du pain. Pourtant il nous reste encore 10km jusqu'à Potrerillos, où nous ne ne trouverons rien. Nous attendons en bavardant avec Bernardo et sa fille Sara. A 17h05, la nourriture est chargée et nous partons au petit trot pour arriver avant la nuit. C'est tout juste ! Heureusement, nous n'avons pas à chercher longtemps pour trouver un lieu pour la nuit. Dans la première maison vit une famille très sympathique. A peine arrivés, nous sommes accueillis, les chevaux dessellés et emmenés dans un grand champ de maïs qu'on vient juste de récolter. Ils sont aux anges. La famille Uncos est grande. Il y a 6 petites maisons en adobe qui accueillent chacune un foyer. Deux petites maisons supplémentaires sont utilisées en commun : une cuisine et une salle de bain. Un asado est près. Match de foot ! C'est la copa América. L'Argentine affronte l'Uruguay et perd. Élimination ! Quelle déception mais quelle animation ! Nous passons néanmoins une joyeuse soirée. L'asado est délicieux. L'ambiance est si agréable que je reste une journée pour faire connaissance avec tous. Merci à Félix qui remet des chaussures neuves à Mojito. Je ne pourrais même pas l'aider car je suis blessée à l'épaule.

 

Nous quittons Trancas avec tristesse. J'ai adoré ces quelques jours 
passés en compagnie de Domingo. Ce véto, également excellent enseignant, est une mine de connaissances. A ses côtés, je me passionne pour différentes techniques agricoles comme la taille des fruitiers, la multiplication des arbres, les animaux de la ferme : gestations, maladies, comportements...etc... Nous avons également eu la visite du Gallo Pinto et de Mario Galvez venus depuis Alberdi pour nous voir. Ils m'ont fait visiter un élevage de chevaux paso peruano. Je n'ai pu faire autrement que m'insurger : chevaux squelettiques, techniques de débourrage barbares, blessures mal soignées, enclos sous-dimensionnés dans lesquels les chevaux se battent pour s'assurer un espace minimum. Beurk et rebeurk quand on sait que le propriétaire de l'élevage est plein aux as.
Pendant ce temps là, mes chevaux menaient des jours heureux dans leur champ de luzerne. Ils ont une super pêche !! Nous nous amusons à un petit jeu. A l'heure de boire, je les libère (ils sont à la longue corde) et ils me suivent tranquillement jusqu'au point d'eau sous l’œil ahuri de Domingo. Puis je me mets à courir doucement, les chevaux se mettent au trot, puis le plus vite possible. Ils se lancent dans un galop fou ponctué de "coup de cul" de gaieté, me dépassent et font la course jusqu'à l'eau. Souvent c'est Mojito qui arrive le premier car il démarre le plus vite. Cependant, c'est quand même Cléto, le
chef qui boira d'abord; non sans avoir dû ré-expliquer à son acolyte la hiérarchie par quelques coups de dents. Quel plaisir de les voir heureux ! Le retour à la luzerne se fait de la même façon. Souvent, je laisse Cléto en liberté. Il ne s'éloigne jamais beaucoup de son souffre douleur.

Mais il faut bien quitter Trancas. La luzerne a donné aux chevaux beaucoup d'énergie que j'ai bien du mal à canaliser le jour du départ. Cléto saute de droite à gauche comme un cabri. A tel point que d'un bond, il marche sur le pauvre Grisou qui se trouvait là. Je saute à terre alarmée par sa patte en l'air et ses couinements de douleur. Après quelques câlins, cela va déjà mieux. Il boitouille encore 10mn et tout revient dans l'ordre. Ce chien n'a vraiment pas la vie facile. Nous arriverons rapidement à la rivière servant de frontière entre les provinces de Tucuman et de Salta. Cette fois-ci, Cléto ne fait pas d'histoire pour traverser.
Salta … la fin du voyage est proche ! Sensation étrange, joie et nostalgie mêlées. La différence entre les deux provinces se fait sentir. Les visages sont plus colorés, plus typés indiens. Le sol est rouge, argileux. Les maisons semblent plus anciennes, en terre crue; certaines ont des allures coloniales. Ici on cultive le tabac qu'on fait sécher dans des séchoirs de 10m de haut, en adobe, équipés de fours. Nous arrivons à El jardin vers 16h et comme d'habitude nous nous retrouvons en décalage par rapport aux horaires argentins. L'épicerie n'ouvre qu'à 17h et il nous faut attendre pour l'achat du maïs des chevaux et du pain. Pourtant il nous reste encore 10km jusqu'à Potrerillos, où nous ne ne trouverons rien. Nous attendons en bavardant avec Bernardo et sa fille Sara. A 17h05, la nourriture est chargée et nous partons au petit trot pour arriver avant la nuit. C'est tout juste ! Heureusement, nous n'avons pas à chercher longtemps pour trouver un lieu pour la nuit. Dans la première maison vit une famille très sympathique. A peine arrivés, nous sommes accueillis, les chevaux dessellés et emmenés dans un grand champ de maïs qu'on vient juste de récolter. Ils sont aux anges. La famille Uncos est grande. Il y a 6 petites maisons en adobe qui accueillent chacune un foyer. Deux petites maisons supplémentaires sont utilisées en commun : une cuisine et une salle de bain. Un asado est près. Match de foot ! C'est la copa América. L'Argentine affronte l'Uruguay et perd. Élimination ! Quelle déception mais quelle animation ! Nous passons néanmoins une joyeuse soirée. L'asado est délicieux. L'ambiance est si agréable que je reste une journée pour faire connaissance avec tous. Merci à Félix qui remet des chaussures neuves à Mojito. Je ne pourrais même pas l'aider car je suis blessée à l'épaule.

Nous repartons par une route merveilleuse et quasi-déserte. Ce sont nos dernières journées en pleine nature et nous en profitons pleinement. Le temps est maussade et je ne prendrais aucune photo mais ces 100km jusqu'à Guachipas sont un enchantement. Terre rouge et végétation tropicale au début puis lente montée dans la montagne en suivant le serpent d'une rivière. C'est un festival de couleurs.

Par contre, il me faut être vigilante car ici pousse une plante toxique pour les chevaux : le romerillo. Je ne sais pas exactement à quoi il ressemble. Aussi, je prends garde à ce que mangent les chevaux. La première nuit, nous obtenons de l'aide chez Robustino et Nicolas. Ils emmènent les chevaux brouter dans une pâture sûre puis vont acheter du chorizo (saucisse à griller) chez la voisine pour me faire honneur. La vie, ici, est sobre et nous passons une soirée simple et émouvante à la lueur de la bougie. L'électricité n'arrive pas jusqu'ici.

Le lendemain, journée pluvieuse et c'est bien dommage car les paysages paraissent époustouflants. J'en profite un petit peu, en fin de journée, alors que la brume se dégage. Nous sommes sur une crête et un panorama fantastique s'offre à nous. Palette d'ocres et multitudes de verts, je rêve de sortir les pinceaux. Nous nous arrêtons en bordure d'une maison vieille d'un siècle dans laquelle vit une famille d'indiens. La Casa de Arco (la maison des arcades) porte bien son nom. Une merveille de l'art colonial. On m'offre un petit thé et je monte la tente dans le jardin. Les chevaux sont attachés dans la prairie adjacente. Pas de romerillo en vue.

Encore une journée de solitude dans une nature superbe. Je n'ai aucune envie d'arriver à Guachipas. Et pourtant, nous y voilà. Nous passons la ville, qui est très belle, mais en ronchonnant. Aucun de nous quatre, n'est heureux de retrouver le bruit des voitures. Néanmoins, nous avions besoin de ravitaillement et nous trouvons un arrêt sympathique dans une gare désaffectée, squattée par quelques familles. Je passe alors la soirée avec Carlos, un porteño (= de Buenos Aires) exilé ici. Il est content d'avoir de la compagnie et m'emmène dans un petit resto convivial. Je suis un peu triste de voir tomber en ruine les bâtiments de cette gare vieille de près d'un siècle. Avec une bonne restauration, ce lieu pourrait être très chaleureux. En attendant, il appartient à l'Etat, qui l'a abandonné, et personne ne peut l'acheter pour le retaper. Les toitures s'effondrent les unes après les autres.

 

Les journées qui suivirent ne seront pas très agréables. Nous suivons une route dont le trafic s'accentue à mesure que nous nous rapprochons de Salta et dont le bas côté ne nous assure pas toujours la sécurité. Les paysages restent très beaux, cependant. L'accueil, par contre, est assez froid. Salta est une province touristique. Un touriste = un profit. Le regard porté sur moi a changé. A Coronel Moldes, je passe 2h pour finalement ne dégoter qu'un carré d'herbe dans un terrain qui ressemble plutôt à une décharge. Il fait très froid la nuit.

Le lendemain, je ne parcours que 9km, jusqu'à Osma. Ici vivent 4 Suisses qui sont en train de construire une ferme pédagogique avec des gîtes. Je commence à papoter avec Cristina en espagnol, et petit à petit nous nous rendons compte que nous parlons français toutes les deux. Elle m'invite à boire un café. Il est 11h. Nous sympathisons et je resterais finalement jusqu'au lendemain. Sur 5ha, Samuel, Cristina, Jacky et Max se construisent un petit paradis qu'ils ont appelé finca serenidad. Ici tous les animaux de la ferme sont représentés et vivent une vie heureuse. L'ambition de la ferme est de faire la démonstration aux Argentins qu'il est possible d'élever des animaux sans les maltraiter. Tous les animaux sont « mansos » c'est-à-dire qu'on peut les approcher et les caresser, du lama aux cochons, en passant par le jar. Yrma, une génisse achetée au voisin parce qu'elle était méchante, est en cours d'apprivoisement. On peut déjà l'approcher et la gratouiller. Avec Samuel, elle se comporte comme un gros chien. La condition animale en Argentine est dure. Beaucoup de chiens sont jetés à la rue. Beaucoup d'animaux sont battus. Et pourtant, je peux me rendre compte ici, que la bonne entente avec les animaux rend le travail de la ferme bien plus simple. Quant à moi, je suis sous le charme et rêve de pouvoir leur laisser mon Grisou.

 

Nous repartons. Nous ferons un petit arrêt dans une grande ferme, chevaux dans la luzerne et moi dans une chouette famille. Je suis complétement prise en charge par deux enfants très débrouillards : Julieta et Tomas. Avec eux, je complète mon vocabulaire à travers un jeu qui ressemble au pictionary. Il nous reste à peine 15km pour notre dernière journée. Nous nous arrêtons à Cerrillos situé à moins de 13km de Salta. La route devient trop dangereuse pour que nous puissions continuer. Tito nous ouvre les portes de sa petite ferme. Nous sommes arrivés. J'ai du mal à réaliser. La fin du voyage, 5 mois, 2700 km parcourus.

 

Heureusement l'accueil de Tito m'évite de trop gamberger. Et puis, il me faut trouver de bonnes familles pour mes 3 fidèles compagnons. Je passe mon temps à tenter de contacter les 2 agrupacions de Cerrillos. Mairie, véto, vendeurs de grains, je fais du porte à porte...

Gazette n°23 : Cerrillos - 1 août 2011

50 km de plus...

Nous sommes retournés en arrière. A Cerrillos, l´accueil laissait à désirer. Au bout d'une semaine, pas de piste sérieuse. Les 2 agrupacions m'ont traitée avec indifférence et n'ont même pas fait le déplacement jusqu'au pré. Même si en Tito, j'ai trouvé un véritable ami, son terrain n'est pas idéal pour les chevaux. Retour à 45km au sud chez les Suisses !

Ah la finca serenidad, un paradis ! A visiter absolument si vous passez dans la région. Je suis heureuse de retrouver Samuel, Cristina, Jacky, Max et toute la ménagerie.

Le jour même, le journal de la province de Salta a eu la bonne idée de m´interviewer. Cela me permet de recevoir de nombreux d´appels pour les chevaux (voir ici). Ceux-ci ont ainsi trouvé leur nouvelle maison, chez Juan, dans un quartier riche à 10km de Salta, San Lorenzo, lieu tristement célèbre, ces derniers jours, pour le double assassinat de 2 jeunes touristes françaises.

Vallées Calchaquies
Vallées Calchaquies

Là-bas, pour les chevaux, après tant de km parcourus, le programme sera détendu : repos, bon pasto et promenade dominicale avec les enfants. Quant à Grisou, l'infection de la peau qu'il traine depuis plus d'un mois est en fait la gale ! Il aura fallu 4 vétos pour faire le bon diagnostic. Nous avons dû le tondre pour pouvoir le soigner. Contre toute attente, il est ravi ! Il restera dans la Finca Serenidad.

 

Il me reste quelques jours dont je profite pour visiter Salta et les somptueuses Vallées Calchaquies. Le retour est proche.

A bientôt, en France !

 

Merci à vous 3, Cléto, Mojito, Grisou, fidèles compagnons.

Merci à vous, amis Argentins, pour m'avoir ouvert vos portes et accueillie comme l'une des votres.

Merci à tous, pour tous ces moments, qui seront autant de précieux souvenirs. 

Je rentre en France à la fois triste et joyeuse, consciente de la richesse que nous nous sommes offert en partage.

 

Nous continuons nos chemins. L'histoire n'est pas finie.

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