"Un voyage se passe de motifs.

Il ne tarde pas à prouver qu'il se suffit à lui-même.

On croit qu'on va faire un voyage,

mais bientôt c'est le voyage qui vous fait, ou vous défait."

(Nicolas Bouvier - L'usage du monde)

 

Gazette n°1 : Départ - 1 février 2011

Alors voilà, çà y est ! Retour en Argentine.

Difficile de décrire la joie ressentie à chaque fois que je pose les pieds sur ce sol. L'Amérique du Sud, bien-sûr, mais surtout l'Argentine, une terre immense et sauvage, dépeuplée, dont les paysages ont le pouvoir de me bouleverser chaque fois un peu plus. L'infini, la liberté. Ses chevaux, bientôt !

Après un rapide passage par San Rafael pour récupérer ma selle et autre matériel que j'y avais laissé cet été, nous avons finalement décidé de commencer le voyage de Bariloche, la porte Nord de la Patagonie. A San Rafael, la température est infernale et l'idée de partir à cheval dans le désert par 40-50°C sans espoir d'y rencontrer la moindre ombre ne nous emballait pas. Adieu donc à mes amis de San Rafael et aux nombreux contacts que j'y avais. Adieu à l'équipe de vétérinaires de la SENASA qui s'était gentilement proposé de nous débusquer de fidèles compagnons durant les mois précédents notre arrivée. A Bariloche, nous ne connaissons personne. Il faudra tout reprendre de zéro. Let's go !

A Bariloche, nous nous sommes donc lancés de la recherche des 3 chevaux qui seront nos compagnons de voyage pour les mois qui viennent. Ce n'est pas simple, mais en quelques jours nous avons déjà rencontré plusieurs personnes susceptibles de nous aider. Patience !

Gazette n°2 : Recherche des chevaux - 10 fevrier 2011

 Des rencontres, des coups de fil, des visites, des essais, beaucoup de chevaux, des grands surtout, des blessés, des louches, des beaux aussi mais à des prix exorbitants. Les argentins s'étonnent parfois de nos manières car nous touchons voire palpons les chevaux, exigeons de les essayer quand l'habitude est de choisir de loin, sur un simple coup d'œil. Entre 2 appels, nous profitons du lac Nahuel Huapi, magnifique, entouré de montagnes, du vent patagon, de l'exceptionnelle luminosité du soleil (qui ne nous épargne pas), des empanadas, de l´excellente viande et des petits malbecs.

Nous avons fait la connaissance de Marie, une jeune française qui encadre des promenades à cheval dans un cadre enchanteur du coté du lac Gutierrez. Par son intermédiaire, nous avons trouvé 3 chevaux qui nous convenaient Paloma, Negri et Taïson. Les essais étaient concluants et même si nous ne leur trouvions pas un pas suffisamment tonique, nous les aurions sûrement pris si le prix avait été moins élevé.

Finalement, pendant que nous nous posions la question de savoir si nous allions casser notre tirelire de secours, nous avons rencontré Kata, une belge très sympa d´une cinquantaine d´années qui avait 2 chevaux à vendre. Nous avons tout de suite été charmés par ces 2 loustics qui seront nos chevaux de selle : Annibal pour François et Cléto pour moi (cf ici). Il ne nous manque plus que l´essentiel cheval de bât.

En attendant, nous campons dans le jardin de Kata, ce qui nous permet de préserver notre budget, passons avec elle d'agréables soirées gastronomiques à tester les bons petits vins argentins et avons commencé le travail des chevaux (musette, entraves, poncho, travail au sol et à la voix, différents types d´attache, personnalisation du harnachement, sortie le long de la route...). Bref, les journées sont bien pleines et rien de tel qu´un petit galop fou dans les pistes de sable pour détendre tout le monde.

Quelques photos sur https://picasaweb.google.com/sabfau/Argentine1.  

Gazette n°3 : La jument de bât - 20 février 2011

Lors des premières recherches, nous avions rencontré Mario qui avait 3 chevaux à vendre : un grand gris (7000 pesos), une petite boulotte (2500 pesos) et une jument de polo (6000 pesos). Nous avons essayé les 3 et avions craqué sans le dire sur la moins prestigieuse des 3. Le grand gris, trop grand, semble avoir davantage les qualités d´un cheval d´endurance que de voyage. La jument de polo tient plus de la Ferrari, magnifique et très vive, mais dans quels états sont les tendons des chevaux de polo après quelques années d´exercice et comment se comporte-t-il sur terrains durs après la souplesse des beaux gazons ? De toute façon, nous ne cherchions pas des chevaux dans ces prix là. Nous avons par contre tout de suite envisagé la petite boulotte pour moi ou pour le bât. Avec son nom de fleur et son gabarit Criollo, Amancay (prononcer Amankay) m´a immédiatement tapé dans l´œil. Ceci dit, ses nombreux défauts nous ont fait beaucoup hésiter : son âge d´abord, 5 ans puis 6 puis 7 d´après Mario et plutôt autour de 14 d´après ses dents, son manque d´entrainement ensuite... plus de gras que de muscles pour le moment, et surtout la difficulté à la ferrer des postérieurs... A la première visite, il n´était possible de lui toucher ni la croupe, ni les postérieurs. Nous avons dit non. Ne rencontrant pas de petits chevaux pour le bât, nous sommes finalement retournés la voir. Là nous avons pu lui toucher les postérieurs. Comme un maréchal ferrant était présent, nous lui avons demandé de la parer. Comme il a pu la parer des 4 pieds (non sans un peu de lutte), nous nous sommes décidés. Mon coup de cœur pour cette jument me rendant prête à oublier ses quelques défauts. Nous l´avons donc achetée sous condition qu'on puisse la ferrer des 4 pieds en notre présence et sans la coucher (ici on ferre les chevaux difficiles couchés et ligotés). Ce fut fait mais non sans une lutte longue et acharnée, une vraie furie. Nous avons 40 jours pour parvenir à l´amadouer et rendre le prochain ferrage moins traumatisant pour elle et pour nous. Ceci dit, nous avons choisi Amancay pour son petit caractère bien trempé et surtout son pas franc, ample et dynamique. Plus petite, elle devra fournir beaucoup d´énergie pour suivre ses compères. Amancay sera notre maillon faible, de foulée plus petite que les autres, elle a le travail le plus dur : porter le bât. Nous sommes résolus à voyager le plus léger possible pour lui faciliter la tache et à nous aligner sur son pas et sa fatigue.

Depuis quelques jours, elle a rejoint le "campo" d´Annibal et Cléto et nous nous y sommes vite attachés. Pourtant, les débuts ont été durs. Elle est arrivée en camion, loin de ses compagnons habituels, a été ferrée (et on a dit à quel point ce fut difficile), puis marquée au fer rouge le lendemain (passage obligatoire à l´obtention de la "libreta sanitaria"), piquée, vaccinée et pour finir s´est fait une prise de longe à la longue corde... En l´isolant, nous avons malgré tout réussi à l´apprivoiser petit à petit. Elle commence à nous faire confiance et se laisse attraper facilement au pré ainsi que toucher partout (nous pouvons lui manipulons la queue pour mettre l´avaloire, lui brosser les postérieurs et soigner ce paturon - postérieur bien-sûr - brulé). Elle apprend vite et est d´un calme olympien en toute circonstance.

L'équipe est donc au complet mais nous attendons encore les papiers des chevaux. Nous pensons partir mardi de Dina Huapi (à 12km a l´Est de Bariloche) pour Villa la Angostura, Saint Martin de Los Andes, Junin, Aluminé ...

Gazette n°4 : De Bariloche à San Martin de los Andes - 5 mars 2011

Alors ca y est... les précieuses libretas sanitarias en poche, le départ !

Nous sommes donc partis de Dina Huapi mardi 23 février, direction Villa la Angostura puis la traversée du parc national de Nahuel Huapi et la route de "los 7 lagos" réputée pour ses paysages fantastiques, entre cordillère, forêts de cyprès, de bambous et ses lacs étincelants.

La première journée a été bien tranquille pour Amancay qui suivait nue, Kata nous ayant proposé de nous apporter le matériel au premier bivouac (la petite estancia de Rafael). Merci à Kata pour son aide et à Rafael pour son accueil. 

Depuis nous avançons doucement, testant le matériel et surveillant les dos et les passages de sangle. Pour l´instant, les chevaux sont en pleine forme, seules quelques gonfles au niveau des anneaux de sangle nous ont donné un peu de couture à faire pour modifier les tapis.

Mis à part une demi-journée de pluie, nous avons un temps magnifique. Le ciel est d´un bleu dont nous ne cessons de nous étonner. La nuit, des milliers d´étoiles inconnues veillent sur nous.

La lenteur du pas des chevaux, les imprévus, les chemins sur lesquels on se perd et se retrouve. Oui, le voyage a vraiment commencé. Se laisser bousculer par les émotions, se laisser surprendre, passer d'un étonnement à un autre, apprendre à connaître nos nouveaux compagnons. Que cherchons-nous dans ce voyage ? Qu'est-ce que nous n´en attendons pas et qui en fera toute la richesse ?

Que raconter de ces quelques jours ? Les photos peut-être parleront mieux de la beauté des paysages et de la splendeur de nos chevaux... Bien-sûr, nous sommes fiers d'eux . Pour nous ils sont devenus les plus beaux du monde. Leurs tempéraments changent au fil des km. Annibal ne perd pas de sa splendeur et de sa dignité. Il est parfois plus têtu qu´une mule. Cléto a quelques coups de folie parfois et se permet de magnifiques cabrés dès qu´il ne voit plus son indispensable Annibal. Malgré tout, son caractère de playboy orgueilleux est assez comique. Amancay surtout est notre chouchoutte. Elle suit de son petit pas sûr, et passe devant quand les 2 autres s´effraient et se braquent. Nous avons pu la laisser libre 5 jours après le départ sur des chemins de terre sans grande circulation. Elle suivait toute seule avec son chargement comme un petit chien. Nous l´avons appelé le cachorro (le chiot). La nuit, comme elle a toujours des difficultés à gérer la longue corde, nous la laissons libre. Elle ne va jamais très loin. Malgré ses prises de longe, elle n´a jamais boité et cicatrise à une vitesse époustouflante. Elle se laisse bâter complètement immobile et non attachée. Bref, nous ne lui voyons plus que des qualités. Mis à part peut-être quand elle s´amuse à sauter les rambardes de sécurité en bordure de ravin. Un camion qui passe et hop un bond de travers malgré ces 70kg de chargement et la voilà de l´autre côté avec bien-sûr les paturons ouverts (toujours les mêmes, on a du mal à les faire guérir complètement malgré les soins) et une belle frayeur pour nous. Dans les surprises qu´elle nous réserve, on peut noter également sa manie d´accrocher des objets inédits au bout de ses fers... Elle a trouvé moyen de se coincer la longue corde entre le fer (postérieur évidemment) et le sabot. Toute une histoire pour la lui enlever. Un peu plus loin, elle a coincé une canette de bière dans son fer... Il faut le faire quand même. Tout cela s´est produit au début alors que nous ne lui prenions que difficilement les pieds. Temps révolu. Madame a compris qu´il n´était pas nécessaire de faire tant d´histoires pour si peu et donne maintenant les 4 pieds sans problèmes. Ce ne fut pas sans efforts mais nous sommes bien heureux de ce changement.  

Parmi les faits marquants, il faut que je vous raconte la nuit chez Luis et le fief des allemands; les 2 jours d´arrêt au lac Pichi Traful; l´étrange maladie tournante. 

 

Luis et le fief des allemands :

Après avoir passé Villa la Angostura, à la nuit presque tombante et à quelques km du camping que nous avions prévu, une camionnette s´arrête. Luis nous propose l´hospitalité à 200m de là. Chouette ! Quelques minutes plus tard nous y voilà. Luis et Mario sont gardiens d´un lieu peuplé d´étranges bâtiments et d´une petite dizaine de chiens. Ils nous montrent les lieux, l´herbe, l´eau, la clôture... Les chevaux seront bien, pourront rester libres. Nous plantons la tente et nos deux gaillards quittent les lieux, ferment à clef le portail et nous disent à demain matin, "nous parlerons affaire à propos des chevaux" nous lance Luis en partant. Gloups ! Nous voila enfermés avec les chevaux dans un endroit désert, isolé. Personne ne sait que nous sommes ici, les bâtiments sont en ruine, une carcasse de vache est suspendue à un arbre, de nuit l´ensemble est lugubre, l´accueil et la tête de nos gaillards nous semblent maintenant menaçants. Affaire ? Vont-ils venir voler les chevaux pendant la nuit, les tuer peut-être (çà se fait ici, pour la viande) bien que cela soit interdit), nous dépouiller, voire pire ? Bref, nous nous faisons un vrai flip, une bonne petite crise de paranoïa (surtout moi, j'avoue). La nuit, les chiens hurlent de temps à autre faisant croire que quelqu'un approche, nous entendons des voix, sortons machette au poing scruter l'obscurité, à un moment Cléto a disparu (nous n´avions attaché qu´Annibal pour que les autres ne partent pas trop loin), nous le cherchons dans la pénombre, puis le retrouvons. Une très mauvaise nuit ! 

Au petit matin, nous plions pressés de partir. A 10h, nous sommes prêts et attendons l'ouverture des grilles quand Luis arrive à cheval, visiblement déçu de nous voir sur le départ. L´affaire tombe à l´eau. Il avait une idée en tête très certainement. Laquelle ? Il nous raconte l´histoire de ces ruines : mémoire de bâtiments construits par des nazis venus se réfugier ici après la guerre. Sinistre ! D´autres hommes le rejoignent pour dépecer la vache pour le prochain asado (barbecue) auquel ils nous invitent. Me voilà honteuse de mes angoisses...   

 

Jours de repos au Pichi Traful : 

Après une journée éreintante et une rencontre avec 3 chiliens sympathiques voyageant à vélo, nous nous sommes arrêtés 2 jours près du lac Pichi Traful. Repos pour tous, une fois terminés les petits bricolages dont nous ne savons nous passer (faire des trous à l´emporte-pièce dans les cuirs est devenu le passe temps préféré de François après la confection de nos très bons repas).

Au programme:

- tester les pistes de sable et la plage du lac pour savoir qui d´Annibal ou Cléto est le plus rapide. Je suis assez dépitée de vous annoncer que c´est Annibal pourtant chargé des 80kg de François qui gagne à chaque fois (de justesse mais quand même); Amancay suit au galop en liberté en hennissant qu'on l'abandonne, notre magnifique louloutte;

- baignade avec les chevaux (mais ceux-ci n´apprécient guerre le sol argileux et mous des abords dans lequel ils s´enfoncent trop, nous n´irons qu´à mi-ventre);

- je monte Amancay pour changer et Cléto suit au galop en liberté; moment magique que de voir ce superbe cheval, libre, galoper à nos côtés;

- faire des grattouilles aux chevaux qui semblent les apprécier de plus en plus.

- retrouver Kata et sa maman venues passer un moment avec nous,

- partager les repas du soir avec des cyclistes chiliens bien sympathiques.

 

L´étrange maladie tournante : 

Étrange patagonie. Un soir François avait de la fièvre et est resté plus ou moins HS jusqu´au lendemain soir. Le lendemain, Annibal donnait des signes de faiblesse et s´est trainé durant toute la journée. Le jour suivant, Amancay s´est évanouie à la pause déjeuner. Un jour suivant, c´était mon tour d´être malade. Depuis, tout le monde va bien sauf Cléto qui tousse... 

Peut-être vous demandez-vous à quoi ressemble un évanouissement de jument ?

Et bien, c´est simple, elle se couche de tout son long en émettant un râle guttural vous faisant croire qu´elle est en train d´agoniser. On s´est jeté sur elle pour la dessangler, lui enlever le bât et l´asperger d´eau car il faisait très chaud. Elle est restée allongée 10 minutes. Et depuis, rien. Elle se porte comme une fleur après nous avoir flanqué une peur bleue.

Gazette n°5 : De San Martin de los Andes à Junin de los Andes - 8 mars 2011

Nous voilà donc à Junin de los Andes.

La sortie de San Martin a été assez épique. Nous avons quitté la ville vers 18h après la fin des grosses chaleurs (il fait plus de 30°C de 13h à 17h et les chevaux souffrent). Après quelques km à longer une circulation infernale nous avons finalement trouvé un coin d´herbe devant l´entrée d´un club hippique à l´aspect désaffecté. Nous étions tranquilles à une centaine de mètres de la route, relativement isolés. Au bout d´un certain temps, un homme vint à cheval de loin, visiblement pour voir ce que nous faisions. De nuit, nous ne nous sentions guère rassurés. Quelques minutes plus tard un pickup arrive. La police. Nous sortons les passeports, les libretas et entamons une discussion courtoise avec le Principe Perez. Pour ce dernier, pas de problème à ce que nous passions la nuit ici mais il nous met en garde contre les "bandits" du coin. C´est clair que nous avons été repérés et pas forcément les bienvenus. Sur ces bonnes paroles, notre Principe Perez, nous invite à l´appeler au moindre problème et me fait la bise en partant. Voilà une habitude peu commune pour nous français ! Malgré tout, il a quand même fini par nous donner les chocottes. Dans l´après-midi, nous avions déjà été embêtés par des "borrachos" à mauvaise réputation qui avaient lorgné avec intérêt notre matériel. Heureusement, Leticia et Constantia veillaient et nous ont pris sous leurs ailes ;-). Bref, une nuit avec l´oreille aux aguets et la bombe lacrymo sous l'oreiller.

Le lendemain, la route pour Junin commençait vraiment et nous avons vu avec étonnement changer les paysages. Finies les montagnes et forêts verdoyantes de cyprès et bambous, finis les lacs étincelants, finis les chalets en bois à l´air alpin, place aux pins, à la pampa sèche, jaune. Le relief s´adoucit et prend un air de Texas, palette d'ocres. C´est magique ! L´immensité de ces paysages ne cesse de m´époustoufler. Dans les herbes jaunes s´étendant sur des centaines de km paissent vaches et chevaux mélangés comme autant de taches de couleurs, au loin trône le volcan Lanin (3776m), cône au sommet enneigé, un seigneur. Les chevaux avancent dans cette immensité sans faiblir mais je suis sûre que l´absence de la couleur verte doit les contrarier. Parfois, des ruisseaux cristallins entourés de saules pleureurs leur redonnent le sourire. Le ciel est d´un bleu acier étonnant. La présence d'un nuage égaré est exceptionnel.

Nous trouvons à passer la nuit dans la petite chacra d´Armando. Une nuit calme et rassurante, cette fois. Les chevaux sont libres et se régalent d´une bonne herbe fraiche et verte. grâce à la proximité d'une belle rivière à truites.

Le lendemain midi, nous sommes à Junin où nous passerons 2 jours dans un petit camping ombragé. Repos pour tout le monde après ces premiers 200km de route.

Gazette n°6 : De Junin de los Andes à Aluminé - 14 mars 2011

Le camping de Rolando a accueilli nos 2 jours de repos à Junin. Merci à Rolando "Tosca blanca" qui a bien pris soin de nous et des chevaux. Depuis la température a un peu baissé et les après-midi sont plus agréables. Nous y avons rencontré Tony un allemand - belge francophone. Dans sa magnifique Chevrolet jaune (cf photos), il arpente les magnifiques rivières du coin pour pêcher la truite autrefois abondante. Voila un homme qui aime la pêche et surtout les poissons. L´écouter parler de la rivière est un enchantement même pour nous que la pêche n´intéresse pas.

 

Mais nous voila repartis, direction Aluminé. La première journée se fait rapidement au trot et galop. Amancay est nue, Tony nous apportant le matériel à la première étape. Les chevaux sont joyeux de quitter le pas et s´en donnent à cœur joie. Le paysage a encore changé. La zone est de plus en plus aride. Seule la rivière s´entoure de verdure (saules pleureurs essentiellement et à leurs pieds, le déjeuner de nos chevaux ). Nous avons l´impression de suivre un serpent vert cheminant dans le désert. Ces 100km de route jusqu'à Aluminé sont bien agréables. Fini l´asphalte, vive la route de terre ! Amancay peut suivre libre et c´est une autre jument que nous découvrons alors. Pas de doute, la liberté lui plait ! Peu de circulation, de très beaux bivouacs sur les plages désertes autour de la rivière. 

Nous sommes en territoire Mapuche (indiens vivant ici avant la venue des conquistadors) et en croisons quelques uns. Autre visage de l´Argentine.

Nous avançons maintenant un peu plus vite car les chevaux se fatiguent moins. Ils ont bien pris le rythme. Nous avions commencé avec de toutes petites étapes (15-20km par jour) et avançons maintenant a une vitesse de 25-30km par jour. 

 

Seul Cléto nous donne un peu de souci car il continue à tousser. Rassurez-vous, il n´en garde pas moins son appétit d´ogre et marche toujours avec son bon pas dynamique. La véto d´Aluminé pense que c´est un contre-coup de la vaccination contre la grippe équine et qu´il guérira seul sans traitement. Attendons un peu...

 

Demain, nous partons vers le lac Aluminé près de Villa Pehuenia, où nous voudrions nous arrêter 2 jours. Puis direction Las Lajas, où je pense pouvoir vous donner des nouvelles d´ici environ 8 jours.

Gazette n°7 : De Aluminé à Las Lajas - 24 mars 2011

10 jours déjà et quelques mésaventures.

 

A Aluminé, nous avons été très chaleureusement accueillis par Pototo et Mabel. Les chevaux, libres dans un petit pré. Au programme, petit restau, histoire de profiter des merveilleux Bife de Chorizo, superbe tranche de viande de 400g, d´une tendresse à faiblir et des merveilleuses truites patagonnes. Voilà qui nous change des soupes de riz et des pâtes.

Le jour du départ, la télévision locale est venue nous interviewer (un coup de Pototo, un peu de pub pour le camping est toujours bon). C´était assez amusant de passer derrière les micros et caméras tout en curant les pieds des chevaux.

Ont suivi 2 jours dans la montagne, paysage aride suivant une rivière entourée de verdure. Je suis surprise et heureuse de voir à quel point les paysages sont variés. Pas question de se lasser, les lumières, les couleurs, les odeurs, les rondeurs du relief ont partout leur particularité.

A la fin du 2ème jour, nous arrivions au bord du lago Aluminé, où nous avions décidé de nous arrêter. A 2km de l´arrêt, nous avons eu un petit accident. Comme souvent, c'est à la fin de la journée avec la fatigue accumulée que cela arrive.


Nous souhaitions nous arrêter 2 jours au bord du lac et cherchions donc un lieu de bivouac sympathique. A l'endroit où nous avions prévu de nous arrêter, nous n'en trouvions pas et avons décidé de retourner 2km sur nos pas. Que s'est-il alors passé dans la tête des chevaux ? Se sont-ils sentis sur le "chemin du retour" ? En tout cas, ils se sont mis à marcher comme des fous, Cléto et Amancay (que je tenais en longe) en tête. Cléto faisait l'andouille et menaçait Amancay quand elle s'approchait trop. D'un coup, le voilà qui fait un saut à gauche et Amancay un saut à droite. La longe de bât enroulée autour de la corne de ma selle la fait tourner d'un coup vers la droite. Je libère Amancay mais c'est trop tard. Rester sur le dos de Cléto avec la selle qui lui glisse sous le ventre et tout le bazar de sacoches m'est impossible. C'est la chute. Cléto s'affole et part plein galop avec selle et sacoches sous le ventre. Il est tard, le ciel commence à s'obscurcir et l'orage menace. François, après s'être assuré que je n'ai rien de cassé, part avec Annibal à la poursuite de Cléto. J'attache Amancay qui se sentant abandonnée par ces deux amis, se débat et hennit comme une diablesse. J'attends inquiète le retour de François, en ramassant deci-delà mes affaires éparpillées. Dans quel état va-t-on retrouver Cléto ? le matériel ? J'imagine le pire. Quelques minutes passent qui me semblent une éternité. Arrive alors une camionnette. Ronaldo en descend et me rassure. Ils ont attrapé Cléto. Il s'est arrêté de lui-même à 2km de là devant une petite église, unique bâtiment du coin. Affolé, il s'est laissé attraper et desseller. Il est blessé, la selle abimée. Il propose de m'y emmener. François arrive avec Annibal. Il confirme. A quelques mètres de l'église, sur la plage, nous installerons le bivouac. François refait à pied le chemin avec Annibal et Amancay (toute contente d'avoir retrouvée son Annibal) en ramassant ce que Cléto a semé sur son passage.  Quant à moi, je retrouve Cléto. Il fait maintenant nuit ce qui m'empêche d'évaluer les blessures et les dégâts. A priori rien de grave pour Cléto, quelques égratignures - assez profondes mais peu étendues - à l'arrière des antérieurs et au-devant des postérieurs. Je m'étais attendu à 100 fois pire. Quant à la selle, il faudra attendre le lendemain pour savoir si elle est toujours utilisable. Le contenu des sacoches a disparu, disséminé sur le chemin. Je resselle tant bien que mal et fais à pied la centaine de mètres qui me sépare du lieu où François est en train d'installer le bivouac. Pour nous faciliter les choses, un vent d'enfer s'est levé et l'orage éclate. Je retrouve François qui se débat avec la tente dans la tempête tout en gérant Amancay très énervée qui s'enroule et se débat avec sa longe. Nous sommes vite à l'abri dans la tente. Tiendra-t-elle ? Le vent, la pluie, la grêle, pour une grande partie de la nuit.

Le lendemain, le sol est couvert de givre mais il fait beau. Je soigne Cléto : bain au lac, bétadine, pommade cicatrisante et beaux pansements. Je repars sur les lieux de l'accident pour essayer de retrouver une partie de mes affaires. Je ne retrouve que des miettes. Par chance, François a retrouvé la veille - avant l'orage - les précieuses libretas. Pendant ce temps, François répare les dégâts : rênes et étrivières cassées, certaines vis ont lâché : attache de la croupière, habillage de la selle, boucle des sacoches à recoudre...etc... Notre première journée de repos sera donc sous le signe des réparations mais nous sommes heureux de nous en sortir à si bon compte.

Le 2ème jour de repos est un vrai jour de repos. Nous profitons de la beauté du lac et des galops sur la plage à cru (François sur Annibal et moi sur Amancay, Cléto se remettant de ses blessures).

Pas de plaisir plus grand pour la cavalière que je suis que de galoper à cru au bord de l´eau ! On sent au travers de sa peau les mouvements de la musculature du cheval, de son effort et de sa joie brute à galoper ainsi sans limite et contraintes... Difficile de mettre en mots cette jubilation, bonheur du plaisir partagé.

Autre petit bonheur, la baignade avec et sans les chevaux.

Je ne me lasse pas de regarder Amancay profiter pleinement de la détente : manger, se rouler, dormir couchée, quelle joie ! Elle est de plus en plus belle.  Fini le gras, sa musculature s'est adaptée au travail. Elle est superbe.

 

Par contre, si nous avons eu un beau soleil en journée (dont nous devions nous protéger), les nuits étaient glaciales. Il gèle, la tente et les montagnes environnantes se couvrent d'une belle couche de givre. Toujours ces ciels étoilés et la pleine lune superbe. Magnifique mais de peu de secours pour garder un peu de chaleur à la Terre. Retrouvant Cléto grelottant au petit matin, nous l´avons couvert de tapis pour la nuit mais trop tard. Sa grippe s´est aggravée. Nous avons commencé les injections d'antibiotique (pénicilline).

Malgré sa fièvre (39°C), sa toux et son nez qui coule vert, nous sommes quand même partis le 3ème jour, craignant pour lui, le froid nocturne. Le lac est relativement haut en altitude et nous savions que nous allions redescendre à des températures plus clémentes. Cléto semblait malgré tout, en pleine forme, marchant d´un bon pas et mangeant toujours comme 4. Pourtant au milieu de l´après-midi, au milieu d´une foulée large et tonique, il baisse le nez au sol et se couche, avec la selle, avec moi dans la selle. Je saute à terre, décroche la sangle et nous voilà avec Cléto couché au bord de la route et visiblement dans les vapes. Quelques minutes plus tard, il se lève et nous l´emmenons se reposer à l´ombre. Nous avons ensuite repris la route pour 1h, moi à pied. Il semblait beaucoup mieux. Un bon pré plus loin, de l´herbe, le revoilà plein de goût pour la vie - et pour la nourriture. Ouf ! Le lendemain, encore le nez coulant, Cléto égal à lui-même, plein d´énergie.

 

Nous avons suivi notre route jusqu´à el Paso Pino Hachado. Ici, place aux forêts d'Araucarias. Ces arbres gigantesques et magnifiques hésitent entre le pin et la plante grasse. Ils sont originaires de la région d'Araucarie située au Chili. Leurs fruits, los piñones (sorte de pignons), ont sauvé bien des fois les indiens Mapuches de la famine. Mapuche signifie "gens de la terre" (mapu = terre, che = gens). Aujourd'hui, on les utilise encore pour faire de la farine puis des gâteaux.

 

Le Paso Pino Hachado n'est qu'à quelques km de la frontière chilienne. Il aurait été dommage de ne pas en profiter pour renouveler mon visa. Hop, un rapide aller-retour en stop ! Toute une aventure, des vues fantastiques sur les volcans chiliens et des camionneurs très sympathiques qui m´ont fait quelques propositions malhonnêtes mais point trop pesantes, ce qui était très amusant.

 

Les chevaux et François m'attendaient chez Hernan et Analia. Une très chouette rencontre dans de jolis chalets sous les Araucarias (Pehuenes en langage Mapuche). Je vous recommande leurs randonnées sur la frontière entre Argentine et Chili, à cheval l'été, en chiens Huskys de traineau l'hiver : www.pasopinohachado.com.ar. La frontière est perchée sur les crêtes et les randonnées sont sans aucun doute splendides, permettant de profiter des 2 panoramas, les Andes argentines et les superbes volcans chiliens. En raison des règles douanières, là-haut sur la crête, à l'endroit du passage de frontière, pas question de faire passer les chevaux. Les douaniers chiliens en particulier sont extrêmement rigoureux dans ce domaine. Géographiquement isolé, entre mer, désert et montagne, le Chili est encore protégé de certaines maladies qui sévissent en Argentine. L'entrée des chevaux mais aussi de tout article en cuir, fruits, légumes, laitages, charcuteries est formellement interdit. Arrivés à la frontière, Hernan et ses clients sont ainsi obligés de changer cavalerie, selles, harnachements et même chaps !!! On peut ainsi essayer dans une même randonnée, chevaux argentins et chevaux chiliens. Il me démange de faire quelques comparaisons... les petits Criollos chiliens ont bonne réputation !!

Hernan et Analia étaient contents de nous accueillir. Nous ne sommes pas leurs premiers visiteurs cavaliers-voyageurs français puisqu'ils ont accueilli Thierry Posty lors de son périple en Patagonie avec son cheval Pablo. Ce dernier est toujours chez un de leurs amis, un français installé dans une estancia voisine : Georges Andrieu. Nous n'avons, malheureusement, pas pu le rencontrer car il était en partance pour la France, le jour de notre passage, mais il nous a donné des nouvelles de Pablo : "il a maintenant 23 ans et est dans une forme impeccable".

 

Direction Las Lajas. Sur la route,

- nous avons dû faire referrer Cléto des postérieurs et Annibal d´un antérieur,

- nous avons dû affronter un vent terrible qui ne plaisait pas du tout au chevaux,

- nous avons traversé des paysages incroyables, des km de pampas arides sans rien, sauvages, immenses, magnifiques,

- nous avons dormi dans une estancia-paradis, un oasis de verdure au milieu du désert... le miracle de l´eau, une rivière et hop, on passe d´une végétation aride, jaune et sèche à une belle herbe verte et haute. Les chevaux n´en revenaient pas et ont passé la nuit à se goinfrer. Pour tout vous dire, ils en ont même oublié de réclamer leur ration d´avoine.

 

Arrivée à Las Lajas le 22/03 au soir. 2 jours d´arrêt, une température plus clémente surtout la nuit, le départ de François qui doit retourner en France et la vente d´Annibal. Chose facile que de vendre un cheval en Argentine. A 10km de Las Lajas, un gaucho - Juan Cabeza - nous arrête, nous discutons, nous lui demandons s´il ne connait personne qui voudrait acheter un cheval et hop, le lendemain il était au camping pour nous acheter le cheval. Annibal continuera donc son chemin dans une estancia à l´herbe grasse pour servir de cheval de loisir à la femme de Juan. Quelques promenades par mois et de longues heures de pâture seront son quotidien. Nous n'avions pas rêvé mieux pour lui.

Las Lajas est une petite ville tranquille. Un petit restaurant, un bar, un poste internet, quelques épiceries et supermarchés, une vétérinaire. Voilà de quoi faire le plein et se préparer à partir seule. Fêter mes 39 ans tout neuf aussi, avec un asado et un petit Malbec, bien-sûr.

 

Une anecdote amusante : comment Cléto s´est joint au repas d´anniversaire ?
Cléto était donc malade. Fièvre, toux, nez qui coule verdâtre et intramusculaire d'antibiotique étaient son quotidien. Au repos dans le camping, notre beau cheval bai d'habitude si gourmand broutait peu et s'adonnait au repos plus que de coutume. Quoi de plus normal, me direz-vous ? Pourtant, nous avons été bien surpris avec François lorsque attablés devant le repas d'anniversaire, Cléto attaché à la longue corde non loin, nous l'avons vu se rapprocher pour venir placer son museau au-dessus de mon épaule. Cléto d'habitude si indépendant, était  visiblement à la recherche de réconforts et de câlins. "Bouhhh suis malade..." semblait-il dire. Ou alors, il voulait juste un petit verre de vin ou souffler les bougies. Qui sait ?

 

Autre anecdote. Où achète-t-on du grain et des fers pour les chevaux ici ?

Chez le vétérinaire qui ressemble plus à l'équivalent d'un pharmacien pour les animaux, c'est-à-dire à un commerçant, ou plus simplement au supermarché !


Pas de photos pour le moment, le débit est trop lent ici.

 

Demain, départ pour Loncopué, El Hueco, puis Chos Malal (d´où je pourrais sans doute donner des nouvelles). A bientôt.

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25 mars

 

Finalement, je suis restée un jour de plus à Las Lajas. Juan Carlos (à gauche sur la photo suivante) le gardien du camping m'a prêté ses outils et main forte pour adapter le matériel à ma nouvelle solitude - fini les bras de François pour grimper les caisses de bât (20kg chacune) sur le dos d'Amancay... Et puis, malgré les bagues de Juan Carlos (il en a une à chaque doigt), nous avons referré les chevaux. J'ai la très grande joie de vous annoncer que Amancay a été exemplaire. Pas très rassurée quand même. Elle m´a posé l´encolure et la tête dans les bras pendant tout le travail, oreilles couchées, inquiète, à l´écoute, mais immobile. Voilà une belle preuve que la douceur et la patience dont nous avons fait preuve avec elle depuis le départ, nous a acquis sa confiance.

Demain départ avec 8 chaussures neuves pour l´équipée.

Gazette n°8 : De Las Lajas à El Huecu - 30 mars 2011

Nous sommes arrivés à El Huecu après 5 jours à s´essayer à la vie - 1 humain, 2 chevaux. Tout va très bien, nous avons pu faire des étapes de 30km en moins de 5h, les chevaux sont en pleine forme.

Cléto est heureux dans son nouveau rôle de cheval de tête et de leader. Il montre plus de sagesse et s´effraie moins, passe les ponts sans frémir. Il grandit. Amancay continue à suivre derrière de son pas sûr. Passe partout, saute quand il faut. Elle m'épate.

Tero
Tero

Pour aller de Las Lajas à Loncopué, j´ai pris la route 10 qui passe par le désert. Des humains, rien, pas une trace, une camionnette par jour. La nature, sauvage et des paysages fantastiques. Les pointes enneigées de la cordillère et des animaux : serpent (couleuvre?), nandous, cerfs et leurs biches, renards et des milliers d'oiseaux : le tero omniprésent, les chimangos (petits rapaces) et des bandes de perroquets bariolés chantant, caracolant, extraordinairement bruyants. Une profonde allégresse m´a accompagnée sur tout ce parcours.

J´ai passé une nuit dans une communauté Mapuche sur le chemin. Ce sont des descendants des indiens originaires de la zone. Une rencontre très intéressante.

A Loncopué, je me suis arrêtée au camping municipal, gratuit et non gardé. La police est arrivée de suite et après m´avoir contrôlée, s´est inquiétée de mon sort. Du coup, j´ai eu droit à des patrouilles régulières pour me protéger des bandes de jeunes, des "bandits" qui viennent se saouler au camping la nuit et aurait pu me dépouiller, dixit la police. Pourtant au milieu de la nuit, j´entends des rires et de la musique. Malgré les patrouilles, les "bandits" sont là ! Inquiète pour la tranquillité de mes chevaux, je me lève et vais voir ces dangereux malotrus, leur demande de s´éloigner un petit peu et de permettre aux chevaux de se reposer. Voilà les dangereux bandits qui s´excusent platement et vont s´installer de l´autre côté du camping pour ne pas me déranger. La nuit sera tranquille.

Au matin, j´ai la visite d´un peintre et de sa famille qui projette de voyager également à cheval, Mario, Paula Erhardt et leurs 2 enfants. Bonne chance à eux pour leur projet. Merci à Mario pour le petit tour en moto jusqu´au supermarché.

Vous pouvez découvrir son travail sur

http://ateliertierra.blogspot.com/ ou http://marioerhardtarte.blogspot.com/

 

Anecdote amusante :

D´habitude quand Amancay rencontre des chevaux en liberté, elle se dirige vers eux et nous la soupçonnons d'avoir été parfois sur le point de  nous abandonner. Malheureusement pour elle, avec son chargement, elle ressemble sans doute à un monstre sorti des enfers, en tout cas à un animal inconnu et sans doute dangereux. Conséquence, ses frères équidés s´enfuient au galop sans demander leur reste. Amancay les suit du regard sans comprendre et finit par se résoudre à rejoindre la caravane.

Mais voilà-t-y-pas qu´un jour, alors que nous longions une clôture, arrive du fond du pré et au petit galop, un petit âne blanc (voir photo). Et voilà-t-y-pas que mon Amancay rebrousse chemin et s´enfuit au galop. Heureusement, elle ne galope pas vite ! J'hésite entre la peur et le rire. Je l'appelle et la voilà qui revient à petit pas nous rejoindre. Je suis alors arrêtée à quelques mètres de la clôture. Cléto n´en mène pas large n´ont plus. Le petit âne est de l´autre côté tout content à l´idée de se faire des amis, lui tout seul dans cet immense pré. Amancay se rapproche, sur ses gardes mais visiblement tranquillisée par le fait que je l´appelle et que Cléto ne bouge pas. Et là  catastrophe ! L´âne se met à braire autant qu´il peut. C´est la débandade... mes 2 équidés paniqués s´enfuient à toutes pattes. Prise d´un terrible fou rire, j´ai eu toutes les peines de monde à les tranquilliser et à remettre de l'ordre dans la caravane.

 

Direction El Huecu où nous prendrons un jour de repos avant de nous diriger vers Chos Malal.

Gazette n°9 : El Huecu - 6 avril 2011

A El Huecu pousse une maudite plante "El coiron del Huecu" toxique pour les chevaux qui n´y sont pas habitués.

Amancay en a mangé. Ont suivi 48h de cauchemar. Les injections du vétérinaire n´ont rien pu changer. J´ai du la faire abattre pour abréger ses souffrances.

A l´allégresse de ces derniers jours succède une profonde détresse.

Cléto comme moi, pleure et la cherche, notre petite fleur.

 

Je suis accueillie avec beaucoup de chaleur et d´amitié ce qui m´aide beaucoup à surmonter ma tristesse. Un grand merci à la famille Garrido où tous s´emploient à me remonter le moral. Je me sens faire partie de la famille. Un grand merci à Jorge également qui m´a ensuite accueilli chez lui.

Merci à vous tous pour les messages de soutien que j´ai reçu.

 

Une semaine à chercher un autre "carguero". Mettre un autre cheval aux côtés de Cléto me coûte mais il faut pourtant continuer.

Mojito la souris prendra la suite d´Amancay. Un petit gris foncé (ici on dit mojo qu´on prononce "morro" et en français on appelle cette couleur "souris") d´où le nom que je lui ai donné. Mojito pourrait vouloir dire "petit mojo" et rappelle bien-sûr le célèbre cocktail : rhum blanc + menthe fraiche + sucre + citron vert. Son ancien nom est "corazon" (coeur). Un petit gris portera donc la maison.en caracolant (caracol = escargot). Il a 5 ans, est plus petit qu´Amancay et plein d´énergie. Il adore mettre son nez sous la queue de Cléto (ce qui déplait fort à ce dernier). 

 

Ici il fait exceptionnellement bon (voire chaud 30°C) pour la saison et nous commençons les journées vers 8h30 pour ne pas trop souffrir de la chaleur. Ce qui signifie se lever à 7h, de nuit. On se croirait en été et pourtant les peupliers jaunissent, se pèlent et leurs feuilles ont commencé à nous faire un joli tapis. Les chevaux se régalent des feuilles sèches tombées au sol.

 

Durant notre séjour à El Huecu, Cléto et moi avons vécu une partie du quotidien des gauchos. Il s´agissait d´emmener 200 veaux d´une estancia à une autre. C´est l´époque où l´on sépare les veaux de leurs mères et où transhument les troupeaux vers les pâturages d´hiver. 5 cavaliers, des chiens et hop ! Cléto s´est bien amusé à courir après les bêtes qui faisaient mine de s´éloigner du troupeau. J´avoue que moi aussi.

Nous sommes ensuite rentrés à El Huecu au galop. Cléto tout content de pouvoir galoper à tombeau ouvert. Je ne pouvais plus l´arrêter ! Je crois qu´il est un peu las d´être au pas toute la journée... Ennuyeuse vie du cheval de voyage.

Gazette n°10 : Del Huecu à Chos Malal - 10 avril 2011

3 jours et demi pour rejoindre Chos Malal avec la nouvelle équipe.

 

Nous avons suivi le raccourci de Jorge et avons coupé à travers la montagne. Moins de km mais un chemin de cailloux pas très agréable aux pieds des chevaux.

Ce raccourci nous a permis de nous perdre un peu plus dans la cordillère et de passer dans des puestos (petites fermes) isolées. Nous avons ainsi été accueillis chez Ramon (à Ojo de Agua), Olga et Esteban (Trailahitué), Guillermo et Clélia (Taquimilan). Voyager seule est le moyen le plus sûr de ne jamais l´être. Je me régale à passer ainsi de famille en famille et de prendre part à la vie locale. J´apprends à faire des tortas fritas (galettes de pain frites), je goûte au mote (blé cuit au sucre) et aux chivos (les chèvres ici sont élevées pour leur viande, elle est très bonne même si parfois un peu dure). L´accueil est très sympathique, toujours autour d´un maté - la boisson locale et j´en apprends toujours davantage sur les coutumes locales. Ici, on prend le temps pour les relations humaines et le maté est un vrai outil relationnel, anti-solitude.

 

Tout le monde fait sa propre maison, quelques m2, une seule chambre pour toute la famille, une cuisine, une petite salle de bain. Chez Olga, pas d´électricité, pas d´eau, une source à quelques dizaines de mètres de la maison, un lampadaire à gaz pour le soir. Une grande joie de vivre aussi. La vie se partage avec les animaux : vaches, chèvres, poules, chat, chiens, chevaux... Des chevaux partout, pour se déplacer, pour surveiller les troupeaux. Quelques voitures et moto aussi. Résistantes pour supporter les chemins de terre.

Les familles ont entre 6 et 14 enfants. Certaines jeunes filles deviennent mères dès 13-15 ans. Tous semblent bien pressés de fonder leur propre famille. Que je n´ai pas envie d´avoir mes propres enfants leur parait inimaginable. Qui s´occupera de moi quand je serais vieille ?

 

Mojito la souris s´est bien adapté à son nouveau travail. Pour l´instant, il a quelques difficultés à suivre le pas de Cléto et trottine à côté de son petit trot léger. Il continue à mettre son nez sous la queue de Cleto, histoire d´en apprivoiser l´odeur. Cléto s´y habitue et le tolère patiemment, comme l´effet de la jeunesse. Voilà qui m´étonne. Parfois, il lui assène quand même une petite dérouillée, histoire de bien faire savoir qui est le chef. 

J´apprécie le calme de ce petit cheval et ses câlins.

Il est tout aussi gourmand que Cléto. Me voilà avec 2 obsédés de la bouffe. Cela doit être masculin. ;-))

Pour l´instant pas question de le laisser libre. Il est bien trop près de sa maison et pourrait avoir envie d´y retourner. J´espère qui suivra bientôt en liberté, lui aussi comme Amancay. 

 

A Chos Malal, la police m´a trouvé un coin tranquille pour camper et me visite régulièrement. Amusant, je connais vite toute l'équipe. J'ai un voisin, Osvaldo issu d'une famille Mapuche, qui travaille aux abattoirs tout proches. Il a aménagé dans d'anciennes toilettes publiques, un chez lui très rudimentaire de 2 pièces riquiquis (pas plus de 10m2 les 2 - la place pour une table et une gazinière d'un côté et d'un petit lit de l'autre). Un peu sauvage au début, nous partageons maintenant régulièrement nos repas et matés.

Amancay me manque.

 

Nous partons demain pour Barrancas par la route 37. Environ 4 jours de route.

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